Paris, la ville chic et romantique par excellence ? Pour la municipalité, accueillir les JO est aussi l’occasion de faire évoluer cette image de carte postale. Voici comment.
Ce 25 juillet au (tout) petit matin -3h30-, des journalistes s’apprêtent à embarquer depuis la Porte d’Italie dans un mini-bus direction le marché international de Rungis. Au programme : visite découverte du « ventre de Paris », échanges avec des grossistes, dégustations de produits… Ces médias, pour beaucoup venus de l’étranger, sont à Paris dans le cadre de leur couverture des JO de Paris 2024. Le rapport de Rungis avec le sport ? Pas direct, et c’est là tout l’intérêt. Parce que pour l’occasion, la capitale française, organisatrice de cette échappée gastronomique, entend bien montrer, aussi, d’autres facettes d’elle-même.
« Depuis les Jeux de Barcelone en 1992, la ville hôte se doit d’accueillir les journalistes non accrédités [pour la couverture des épreuves sportives] », resitue Virginie Dangles, cheffe du service presse de la Ville de Paris. Cette dernière ne déroge donc pas à la règle. « Il s’agit de montrer le visage de ce qu’est Paris aujourd’hui. Pour la presse internationale, il y a le Paris iconique, culturel, patrimonial. Il s’agit de montrer le Paris des parisiennes et des parisiens, au-delà du Paris connu », développe la responsable. Non pas casser cette image traditionnelle mais montrer qu’elle comporte aussi bien d’autres dimensions. Tout en contrebalançant avec des sujets plus polémiques qui ont parfois fait la une : les transports, le déplacement hors du périmètre des Jeux des personnes SDF, la qualité de l’eau de la Seine…
60 % de journalistes internationaux
Pour cela, la pierre angulaire du dispositif est l’installation d’un centre de médias spécifique, le Paris Media Centre, au Carreau du Temple - une position centrale qui doit permettre en théorie de rayonner un peu partout dans et autour de la capitale. 6000 journalistes y sont accrédités, dont 60 % d’internationaux, issus notamment des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de la Chine, du Japon ou de la Corée, qui comptent parmi les pays les plus représentés.
Lieu de travail et d’aide à l’organisation des tournages, comportant aussi des studios TV et radio, ce centre - différent de celui qui, au Palais des Congrès, accueille les médias accrédités Paris 2024 - propose aussi des conférences, des animations, des press tours ou encore des rencontres avec des élus (comme la Maire Anne Hidalgo ou Pierre Rabadan, son adjoint en charge du sport et des Jeux), des personnalités (la cheffe Manon Fleury, les artistes du Moulin Rouge, le styliste Mossi Traoré…) et des sportifs (dont la para-athlète Marie-Amélie Le Fur). Parmi les thèmes privilégiés dans ces conférences et tours organisés figurent par exemple le climat, les mobilités, les moyens mis en œuvre pour faire de Paris une ville durable (les cours dites « oasis » dans les écoles et collèges parisiens, les dispositifs de récupération de la chaleur des égouts pour chauffer les bâtiments publics…).
Paris en campagne
La Ville de Paris se promeut aussi auprès du grand public via 26 « sites de festivités » (animations sportives, retransmissions…) installés dans ses différents arrondissements. Sur le même principe, la Terrasse des Jeux accueille devant l’Hôtel de Ville écrans géants, terrains multisports, concerts et animations artistiques ainsi qu’un « atelier de sensibilisation aux enjeux sociétaux et environnementaux ». Là, aussi, un espace permet aux médias de réaliser leurs directs avec les meilleurs vues sur la capitale.
En parallèle, une campagne sera diffusée pendant la cérémonie d’ouverture puis pendant toute la durée des Jeux. Portée par le rappeur Oxmo Puccino, qui propose un slam poétique, celle-ci s’attache à mettre en valeur, là encore, « le Paris du quotidien, au-delà de celui des cartes postales », les habitants de la ville ainsi que les transformations et combats qu’elle porte (végétalisation, mobilité durable, piétonisation, inclusion, diversité, etc.). Elle a été réalisée par la direction de la communication de la Ville et son studio graphique avec pour la production l’agence Successive associée à 16prod et au réalisateur Guillaume Mougin. Autant d’initiatives dont les retombées se mesureront dans le temps.