Quel magasin Casino passera sous enseigne Auchan, quel autre deviendra un Intermarché ? Les deux distributeurs candidats à la reprise de plus de 300 magasins vont-ils reprendre des entrepôts ? Les salariés du groupe devraient en savoir davantage cette semaine.
Casino, distributeur d'origine stéphanoise, engagé dans la restructuration de son lourd endettement, est en négociations depuis décembre avec ses concurrents Intermarché et Auchan afin de leur céder 313 super et hypermarchés. Or, les négociations doivent «atterrir» le 31 janvier et il est prévu que les salariés soient informés le 24 janvier lors d'un comité social et économique central (CSEC) d'une liste détaillée des magasins qui seraient rattachés soit au groupe de la galaxie Mulliez, soit au groupement d'indépendants qui est le 3e acteur de la distribution alimentaire en France, derrière E.Leclerc et Carrefour.
Le 4 janvier, l'intersyndicale (FO, CGT, CFDT, UNSA, CFE-CGC) avait indiqué à la sortie d'une réunion avec la direction et le représentant des futurs repreneurs du groupe, qu'«environ un tiers» des magasins devrait être repris par Auchan, les deux autres tiers par Intermarché. Ordre de grandeur non démenti par le patron des Mousquetaires/Intermarché Thierry Cotillard.
Discussions toujours en cours
Lundi 22 janvier, le média spécialisé LSA ainsi que le spécialiste du secteur Olivier Dauvers ont publié des listes détaillées des magasins qui allaient partir vers telle ou telle enseigne, mais ce détail n'a pas été confirmé par Casino, qui s'est refusé à tout commentaire. Selon une source proche des négociations, les discussions se poursuivent entre les enseignes et les listes dévoilées ne sont pas à jour. Les repreneurs se sont engagés à maintenir l'emploi dans les magasins repris. Selon le groupe encore contrôlé pour quelques mois par Jean-Charles Naouri, 12 300 emplois seraient concernés par un changement d'enseigne.
L'intersyndicale s'est toutefois inquiétée vendredi 19 janvier du fait que le patron des Mousquetaires/Intermarché Thierry Cotillard ait indiqué début janvier sur RTL que «dans certains cas très isolés, il pourrait y avoir des points de vente qui ne soient pas repris».
Ces changements d'enseignes auront en outre des conséquences en chaîne pour les fonctions supports du groupe. Ce dernier compte aussi les enseignes Monoprix et Franprix, et employait encore 50 000 personnes en France fin 2022.
Un CSEC doit aussi avoir lieu vendredi 26 janvier pour Easydis, la filiale logistique du distributeur. Devrait alors être connue la liste des entrepôts repris par Auchan ou par Intermarché, ou qui passeraient en portage. Easydis compte un peu plus de 2 000 salariés.
Se posera ensuite la question de «la réorganisation de ceux qui vont être conservés» par Casino, indiquait l'une des porte-parole de l'intersyndicale, Nathalie Devienne (FO), début janvier. L'intersyndicale disait alors avoir été informée qu'aucun des sites ne devait être fermé.
« Accord de méthode»
Tout comme le siège de Casino, où de nombreux emplois pourraient perdre de leur substance avec le passage d'autant de magasins chez des concurrents, les sites logistiques revêtent une forte dimension politique, notamment pour les élus locaux chez qui ils sont d'importants pourvoyeurs d'emplois.
«On va essayer de sauver le maximum de salariés», disait l'autre porte-parole des syndicats, Jean Pastor (CGT), estimant qu'«au siège, 1000 à 1200 personnes vont se retrouver sur le carreau».
Les syndicats doivent négocier d'ici la fin du premier trimestre 2024 «un accord de méthode» pour mettre en place «un volet d'accompagnement social des salariés», dans le cadre de la vente des super et hypermarchés. La deuxième des trois réunions de négociations est programmée le 1er février, avant une dernière le 7 février.
Le groupe Casino mène en parallèle la restructuration de sa dette et son changement d'actionnariat.
Il doit écraser plus de 5 milliards d'euros de dette et devrait passer à horizon mars/avril entre les mains des milliardaires Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière, adossés au fonds Attestor. Le Tribunal de commerce de Paris doit statuer le 5 février sur le plan de sauvetage du distributeur.