Le patron du groupe E.Leclerc se démarque du ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, selon qui «l'inflation est vaincue».
La bataille de l'inflation n'est «pas encore» gagnée, a affirmé dimanche 10 décembre Michel-Edouard Leclerc, voulant se démarquer de récentes déclarations du ministre de l'Economie Bruno Le Maire. Ce dernier avait déclaré fin novembre que «globalement, l'inflation aujourd'hui, elle est vaincue et c'est un vrai succès économique». «Il anticipe», a répondu le 10 décembre sur BFMTV le président du comité stratégique du groupe de distribution numéro un en France, interrogé sur l'enthousiasme du ministre.
L'inflation a fortement ralenti en France en novembre, à +3,4% sur un an selon l'Insee après +4,0% en octobre, grâce notamment à un ralentissement des prix dans les services, l'énergie, et dans une moindre mesure les produits manufacturés et l'alimentaire. Michel-Edouard Leclerc mise en revanche sur un ralentissement de la hausse des prix l'an prochain qui «n'excède pas 2,3%» dans ses enseignes, et dont les effets devraient se faire ressentir dans le porte-monnaie des Français dès «février, mars».
«Nous sommes en train de négocier, nous sommes en train d'acheter pour l'année prochaine, les Leclerc y vont comme un seul homme», a poursuivi le dirigeant, ajoutant : «on va aller chercher auprès des grands industriels multinationaux du négatif pour compenser l'hyperinflation d'hier».
Négociations avancées
Les négociations commerciales annuelles ont lieu chaque année pour fixer les conditions (prix d'achat, place en rayon, calendrier promotionnel...) auxquelles les supermarchés vont s'approvisionner toute l'année auprès de leurs fournisseurs agro-industriels. Ces discussions se concluent habituellement le 1er mars, mais le gouvernement a décidé de les avancer de quelques semaines en espérant une répercussion plus rapide dans les prix en rayon des baisses du coût de certaines matières premières.
Egalement interrogé sur une potentielle reprise par Leclerc d'une partie des hypermarchés et supermarchés du groupe Casino qui traverse de grandes difficultés financières, Michel-Edouard Leclerc s'est contenté de répondre que certains «adhérents en province pourraient en acheter». «J'ai pas trop le droit de commenter ce qui passe là en ce moment puisque c'est un groupe coté, un groupe avec des enjeux sociaux», a-t-il ajouté. «On est capable de le faire, est-ce qu'on a intérêt à le faire ?», s'est-il interrogé. «Le parc de Casino est assez vétuste, ils n'ont pas réinvesti», a-t-il jugé.