Les députés socialistes ont dénoncé mardi 14 novembre les pratiques de l'entreprise chinoise de « fast fashion » Shein, qu'ils accusent d'être « l'emblème de la mode qui détruit l'environnement et les droits humains », après avoir engagé une procédure à son encontre.
« Chaque fois que l'on crée des objets jetables, on crée des êtres humains jetables », a asséné en conférence de presse le député PS Dominique Potier, mardi 14 novembre, qui a obtenu contre Shein la saisine du « point de contact national (PCN) de l'OCDE », une instance adossée à l'Organisation de coopération et de développement économiques. Cette structure doit désormais auditionner l'entreprise et les plaignants pour tenter de mettre en place une médiation.
La procédure engagée questionne plusieurs aspects de la chaîne de production de l'entreprise de vente en ligne. Parmi eux, « le respect par le groupe Shein des droits de l'homme », les conditions de travail de ses employés, mais également « les possibilités d'incidences négatives sur l'environnement » ainsi que sur « la santé des consommateurs », peut-on lire dans un communiqué publié par le point de contact de l'OCDE.
Une procédure dont se félicite le groupe PS et qui intervient « au moment où le gouvernement et l'Union européenne hésitent sur le niveau d'ambition de la loi vigilance que nous avons portée en 2017 », a ajouté le député Dominique Potier. Le groupe PS a rappelé que cette loi sur le devoir de vigilance « oblige les multinationales établies en France à prévenir les atteintes graves aux droits humains et à l'environnement de leurs filiales, sous-traitants et fournisseurs partout dans le monde ».
Production excessive
Interrogée par l'AFP, Shein a indiqué avoir « répondu rapidement » aux sollicitations du point de contact national de l'OCDE. « Nous avons coopéré et continuerons à coopérer pleinement pour répondre à toutes les questions que le PCN pourrait avoir », a ajouté la plateforme. En juillet, le gouvernement avait assuré « combattre avec détermination » le modèle économique de la fast fashion « destructeur pour notre planète », pointant du doigt la « responsabilité extrêmement forte » de Shein.
Fondée en 2012 en Chine et basée à Singapour, cette entreprise ne vend qu'en ligne et cible dans le monde entier une clientèle jeune. En 2021, ses ventes ont bondi de 60%, propulsant son chiffre d'affaires à 16 milliards de dollars, selon Bloomberg, talonnant ainsi le suédois H&M.
La marque a assuré en mai, dans un entretien à l'AFP, être un fabricant « à la demande », « capable de la mesurer très finement », ce qui permet de réduire de manière « drastique » les invendus et donc la production de déchets. En juin, l'ONG Les Amis de la Terre avaient passé au crible la production excessive de vêtements disponibles sur le site de Shein.