À l’occasion de la Journée internationale des personnes handicapées, l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle a été rebaptisé du nom de la fille du Général, qui était atteinte de trisomie 21. Une opération d’une simplicité biblique saluée dans le monde entier, couronnée du Grand Prix Stratégies de l'influence.
Un Lion d’or dans la catégorie Health & Wellness, un autre en Outdoor, un troisième en Direct, un Argent en Media, un Bronze en Brand Expérience & Activation, et en prime, le Grand Prix for Good : lors de l’édition 2023 des Cannes Lions, la campagne de communication d’Havas Paris pour la fondation Anne-de-Gaulle avait fait une véritable razzia. Au total, dans les différents palmarès créatifs internationaux, son compteur est désormais à 44 prix. Le Grand Prix Stratégies de l'influence, après déjà celui de la communication événementielle en septembre, couronne un parcours exceptionnel qui n’a rien d’immérité.
L’histoire commence il y a quelques mois quand la fondation Anne-de-Gaulle, qui accueille des personnes en situation de déficience intellectuelle, sollicite Havas Paris pour « organiser un événement susceptible de faire parler d’elle et, au-delà, du secteur médico-social tout entier », se souvient Jean Vendroux, son président. Créée en 1945 par Yvonne de Gaulle, la femme du Général, alors que leur fille Anne, qui décèdera à l’âge de 20 ans, en 1948, était atteinte de trisomie 21, cette fondation demeure encore aujourd’hui assez peu connue du grand public, en dépit de l’immense notoriété de nom « de Gaulle ». L’agence avait déjà travaillé, pro bono, pour cet organisme reconnu d’utilité publique quelques mois auparavant, pour l’aider à trouver un nom pour un grand projet de « village inclusif » qu’elle mène en région parisienne. « La fondation nous a demandé de réfléchir à une action en mesure d’attirer davantage encore l’attention de l’opinion publique sur l’aide aux personnes en situation de handicap », raconte Michel Bettan, vice-président exécutif d’Havas Paris.
La suite est savoureuse. Les créatifs Catherine Labro et Florent Roux ont bien une idée mais hésitent à la soumettre à leur patron, de peur d’être pris pour des fous. Finalement, ils se lancent. Pourquoi ne pas tout simplement rebaptiser l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle, qui, parmi les milliers de rues, places et autres lieux au nom du Général, est le plus emblématique, par celui de sa fille Anne de Gaulle ? « C’est l’idée la plus incroyable de ces dernières années », répond à leur grande surprise Michel Bettan, qui leur promet d’arriver à la réaliser.
Une signalétique entièrement refaite
Travaillant depuis treize ans pour Aéroports de Paris, qui exploite cet équipement aéroportuaire, Michel Bettan se fait fort de convaincre son dirigeant, Augustin de Romanet, dont il salue aujourd’hui « la grande ouverture d’esprit ». « Il est rare qu’une proposition soit aussi juste, tout faisait sens », remarque Bertrand Sirven, directeur de la communication du groupe ADP. Au-delà de la notoriété indéniable que l’opération peut apporter à la fondation et à cette grande cause, l’idée colle aussi aux préoccupations de l’aéroport parisien. Dans la perspective l’an prochain des Jeux olympiques et paralympiques, ADP cherche à « s’améliorer jour après jour pour être le plus en phase possible avec le handicap, qu’il soit moteur ou non », note Bertrand Sirven. En dix secondes, la réponse d’ADP tombe : c’est oui, il faut y aller.
Le jour J, le 3 décembre 2022, Paris-Charles-de-Gaulle devient donc Paris-Anne-de-Gaulle. Toute la signalétique est au cordeau. Le nom d’Anne de Gaulle s’écrit en toutes lettres sur le fronton de l’aéroport. « Bienvenue à l’aéroport Anne-de-Gaulle », peuvent lire les passagers sur les panneaux situés à l’arrivée des bagages ou ceux de l’autoroute qui mène à l’aéroport. Le mobilier urbain JCDecaux, partenaire tout comme France Info, n’est pas en reste, de même que les cartes d’embarquement. Jusqu’aux messages diffusés lors de l’atterrissage de certains vols d’Air France, qui souhaitent eux aussi la « bienvenue à l’aéroport Paris-Anne-de-Gaulle » aux passagers. L’opération restera en place une semaine, pendant laquelle les médias se sont relayés sur place pour en rendre compte. « Il n’y a pas un média qui n’ait pas couvert cette opération », assure Michel Bettan. Plus de 200 articles dans treize pays, tous les JT des chaînes françaises, 50 millions de personnes touchées, 1 million d’euro en earned media, le tout bénévolement de la part d’Havas Paris. Un beau succès pour une idée simplissime et une cause qui en vaut la peine.
« Au-delà de notre fondation, un plaidoyer pour l’ensemble du secteur »
Jean Vendroux, président de la Fondation Anne-de-Gaulle
« Nous voulions organiser un événement qui, au-delà de la fondation, constitue un plaidoyer pour l’ensemble du secteur, aujourd’hui en grande difficulté. Or le handicap concerne une personne sur six. Il est important d’aider la société à être plus accompagnante. Pendant cette opération, lors d’une journée, nos résidents ont déambulé dans l’aéroport en compagnie de membres de la fondation et de personnels de l’aéroport. C’était riche en émotions. »