Razorfish France et le collectif Green IT viennent de dévoiler les résultats de leur deuxième Baromètre de l’écoconception digitale en France. Et le jugement des plus gros sites français est sévère.
Pour la deuxième année consécutive, l'agence digitale Razorfish France et Green IT, collectif pour l'informatique durable, ont réalisé le Baromètre de l’écoconception digitale, qui évalue l'impact environnemental des sites web les plus représentatifs de l’économie et de la consommation en France. Comme en 2022, les 40 sites corporate du CAC 40 et les 40 sites e-commerce les plus visités ont été scrutés. S'y ajoutent pour cette édition 2023 les sites des 28 licornes françaises.
Pour évaluer chaque site, l’algorithme EcoIndex, développé par le collectif Green IT, regarde trois paramètres : la complexité du DOM (Document Object Model), le nombre de requêtes HTTP et le poids des pages (exprimé en Ko de données transférées). Il attribue ensuite à chacun des sites un score compris entre 0 et 100, équivalent à une note comprise entre A et G. Un modèle à l’image du nutri-score.
Pour cette édition 2023, les 108 sites étudiés obtiennent en moyenne un score d’écoconception en dessous de la moyenne, à 32/100. Un résultat considéré comme encore trop bas pour les équipes de l’étude.
Dans le détail, les sites corporate du CAC 40 ont une note de D, avec un score moyen de 40/100. Ils restent dans l’ensemble en dessous de la moyenne, mais progressent de 6 points par rapport à 2022. Sur le podium dans cette catégorie, le site corporate d'Unibail-RW (65/10), suivi par celui d'ArcelorMittal et d'Engie, à égalité à 60/100.
De leur côté, les plus gros sites e-commerce, qui pèsent lourdement sur l’environnement, stagnent. Alors que l’e-commerce a bondi de 20 % en un an, les sites préférés des Français ne semblent pas prendre la mesure de leur impact très important sur l’environnement, pointe l'étude. La note moyenne de l’ensemble des 40 plus gros sites e-commerce en France est de F, avec un score de 23/100. Les sites de voyage sont les meilleurs élèves de cette catégorie avec un score de 36/100. A l'inverse, les sites mode/beauté atteignent seulement la note de 15/100. Les sites e-commerce les mieux notés sont : Trainline (54/100), Leclerc Drive (47/100) et Uber Eats (42/100).
Nouvelles venues cette année et très attendues pour leurs connaissances du digital et la prise de conscience des enjeux environnementaux, les licornes déçoivent. Les 28 sites scrutés atteignent un score moyen d’écoconception de 36/100, soit une note de E. Les licornes ne semblent pas tirer bénéfice de leur jeunesse et ne font pas mieux que leurs aînés, selon Razorfish et Green IT. L’étude note même une corrélation entre leur note et leur valorisation financière : plus la valorisation d’une licorne augmente et plus le niveau d’écoconception baisse. Sur le podium des licornes, NW Groupe (65/100), Meero (61/100) et Deezer (59/100)
Une transition qui n’impacte pas la visibilité du site
« Nous voulons pousser le marché à prendre en compte l’impact de plus en plus important du digital sur notre planète et utiliser le levier qui est le nôtre : notre rôle de conseil auprès des entreprises. Et leur dire que oui, il est possible de conjuguer performance digitale et performance environnementale », a estimé Sandrine Vissot-Kelemen, présidente de Razorfish France, lors de la présentation de ces résultats à la presse le 28 septembre.
Avec l’une des meilleures progressions de l’année, le site d’Orange s’est illustré. « Nous n’avons pas remarqué d’impact négatif sur nos audiences. Après, nous avons la chance d’être l’un des sites les plus visités du CAC 40, probablement pour le service client. Au-delà de l’audience, il y a aussi une amélioration du taux de rebond », a expliqué Anne Imbert, VP marque, sponsoring & contenus d'Orange.
Quid du budget que demande un site mieux écoconçu ? Selon Bastien Mirault, DSI du groupe Unibail-Rodamco-Westfield, « cette adaptation ne demande pas forcément plus d’argent mais du temps. C’est un effort supplémentaire à fournir ». Il ajoute que cet investissement, qu’il soit financier ou en temps, reste nécessaire étant données les nouvelles réglementations qui pourraient voir le jour d’ici quelques années.