Sous pression pour diminuer le coût du bouclier tarifaire, le gouvernement prévoit une nouvelle hausse de 10 % des tarifs réglementés de l'électricité. Un sujet hautement politique. 

Sous pression pour diminuer le coût du bouclier tarifaire, le gouvernement a annoncé une nouvelle hausse de 10 % des tarifs réglementés de l'électricité, déclenchant une salve de critiques dans les rangs de l'opposition et des associations de consommateurs. Signe de la fin progressive du bouclier tarifaire mis en place depuis deux hivers pour réduire les factures des Français, cette hausse concernera les ménages, artisans, petits commerces et artisans « raccordés à un compteur d'une puissance jusqu'à 36 kilovoltampères ». La précédente hausse (+15%) remontait à février, après 4% en février 2022. Depuis 2021, le tarif réglementé dont dépendent quelque 23 millions de clients (sur 34 millions), aura donc augmenté de 31 %. 

Pour un consommateur moyen qui se chauffe à l'électricité, « avant la hausse [de 10%], la facture était de l'ordre de 1 640 euros par an. Après la hausse, elle sera à 1 800 euros », a calculé le gouvernement. Selon les calculs de l'UFC-Que Choisir, la hausse sera « de près de 40 euros par mois en moyenne pour un ménage chauffé à l'électricité et de l'ordre de 80 euros par mois pour un ménage habitant dans une passoire thermique ». « C'est une surprise complète » et « un coup de poignard dans le dos dans le creux de l'été », a déclaré à l'AFP François Carlier, délégué général de l'association de consommateurs CLCV, reprochant à l'État de ne pas respecter son engagement de limiter la hausse à +15 % en 2023. 

Un bouclier énergétique évalué à 110 milliards d'euros de 2021 à 2023 

Une critique également entendue dans l'opposition : « Ne jamais prendre au sérieux les engagements de ce gouvernement », a notamment déploré sur Twitter le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure. « C'est scandaleux, c'est honteux (...) C'est les ménages, les classes populaires et les classes moyennes qui vont payer », a pointé le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, devant la presse. « Rien dans nos coûts de production ne le justifie (la hausse) », a également tancé en conférence de presse le chef de file des députés LR, Olivier Marleix. Face aux remontrances, le gouvernement met en exergue le fait que l'État continuera de prendre en charge plus d'un tiers de la facture des ménages (37 % contre 43 % actuellement), garantissant aux Français un tarif parmi les plus bas en Europe.  

La note aurait pu être plus salée, relève en parallèle le gouvernement, puisque la Commission de régulation de l'énergie (CRE) recommandait une hausse de 74,5 % taxes comprises. « Le gouvernement n'a pas suivi ce calcul et a opté pour une hausse limitée de 10 % », a ainsi fait valoir la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher devant les députés. Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire avait annoncé en avril qu'il mettrait un terme au bouclier tarifaire sur les prix de l'électricité, annoncé à l'automne 2021 pour lutter contre l'inflation énergétique, avant même la guerre en Ukraine. Le bouclier énergétique coûte très cher à l'État, le gouvernement l'ayant évalué à 110 milliards d'euros de 2021 à 2023. Pour le budget 2024, sa réduction est censée dégager des économies de près de 14 milliards d'euros pour les dépenses publiques auxquelles s'ajoutera la fin du guichet d'accompagnement pour les entreprises très consommatrices d'énergies, selon Bercy. 

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