Après le retrait du trio Niel-Pigasse-Zouari, l'offre révisée du duo Kretinsky-Ladreit de Lacharrière, adossé au fonds Attestor, a reçu le 17 juillet le feu vert des administrateurs du groupe. Il doit encore convaincre les créanciers.
Le groupe Casino a donné lundi 17 juillet son feu vert à une offre améliorée de recapitalisation et de restructuration de sa dette présentée par les milliardaires Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière, désormais adossés au fonds britannique Attestor, pour prendre le contrôle du distributeur stéphanois en difficulté.
Le duo de milliardaires et Attestor, qui se présentent comme un «consortium» que «d'autres créanciers sécurisés (c'est-à-dire détenteurs de dette sécurisée, ndlr) pourraient rejoindre», doit encore convaincre les créanciers composés de grandes banques françaises et européennes, fonds d'investissement ou acteurs institutionnels.
Le consortium était seul en lice pour la reprise du distributeur, qui compte 200 000 salariés dans le monde dont un quart en France, depuis l'annonce du retrait le 16 juillet du trio Niel-Pigasse-Zouari. Ces derniers ont dénoncé un «process biaisé» estimant que Casino avait «visiblement déjà choisi son repreneur». 3F, la holding par laquelle le trio Niel-Pigasse-Zouari comptait reprendre Casino, accusait également le fonds d'investissement Attestor d'avoir contribué à l'offre concurrente «tout en continuant à participer» à ses propres réunions.
Le conseil d'administration de Casino, «sur recommandation unanime de son comité ad hoc regroupant la quasi-totalité des administrateurs indépendants, a décidé de poursuivre les négociations avec EP Global Commerce a.s. (un des véhicules d'investissement de Daniel Kretinsky, ndlr), Fimalac (holding de Marc Ladreit de Lacharrière) et Attestor», selon le communiqué de Casino publié le 17 juillet au soir. Objectif : «parvenir à un accord de principe sur la restructuration de la dette financière du groupe d'ici la fin juillet 2023», rappelle le groupe, qui fait face à un endettement écrasant, annoncé à 6,4 milliards d'euros à fin 2022.
Maintien du siège à Saint-Etienne
Une présentation de «l'offre révisée reçue le 15 juillet» par Casino a été faite le 17 juillet sous l'égide des conciliateurs et du CIRI, le Comité interministériel de restructuration industrielle, service de Bercy qui se penche sur les entreprises en difficulté financière. Cette offre prévoit une augmentation de capital réservée au consortium d'un volume de 925 millions d'euros, à l'issue de laquelle le duo de milliardaires et Attestor détiendront 53% de Casino.
A cela s'ajouterait une augmentation de capital garantie de 275 millions d'euros destinée à embarquer un maximum de créanciers, en priorité ceux détenteurs de dette sécurisée, avec à la clef la promesse de 14,9% du capital. Le plan prévoit désormais l'injection de 1,2 milliard d'euros d'argent frais, contre 1,35 milliard dans la proposition initiale. Il est également prévu de ramener la dette à 2,5 milliards d'euros à fin 2023 et à 1,2 milliard à fin 2024, contre respectivement 2 milliards et 800 000 euros dans l'offre présentée début juillet par le duo Kretinsky-Ladreit de Lacharrière.
L'offre du consortium mentionne explicitement le maintien prévu du siège social à Saint-Etienne et des fonctions administratives, qui y seront rassemblées. Elle affirme ne pas prévoir de suppressions d'emplois et, au contraire, «vise à la création d'emplois en magasins et centres logistiques».
Changement de PDG
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait indiqué le 11 juillet que l'Etat veillerait à «la solidité du projet industriel» et à «l'avenir des 50 000 salariés du groupe» en France.
Le consortium ferme la porte au patron historique de Casino, Jean-Charles Naouri, actuel propriétaire du groupe mais qui ne le sera plus au terme de l'opération, quel qu'en soit le dénouement. Il est prévu de nommer PDG Philippe Palazzi, ancien de Metro, conseillé par Jean-Paul Mochet, ancien patron de Monoprix et Franprix.
Le feu vert des administrateurs le 17 juillet permet ainsi de «poursuivre les négociations» avec les créanciers, dans l'objectif de les boucler d'ici le 27 juillet, date de présentation des résultats semestriels de Casino. Le plan, avec ses augmentations de capital, serait ensuite soumis à l'approbation des actionnaires lors d'une assemblée générale «au plus tard le 30 septembre», en vue d'une réalisation fin 2023, selon le détail de l'offre divulguée par Casino.