Les deux concurrents pour la reprise du distributeur Casino, le duo de milliardaires Kretinsky-Ladreit de Lacharrière d'un côté et le trio Niel-Pigasse-Zouari de l'autre, affûtent leurs arguments pour tenter de faire pencher la balance en leur faveur alors que la donnée sociale sera cruciale.

Qui va emporter Casino ? Kretinsky-Ladreit de Lacharrière d'un côté et le trio Niel-Pigasse-Zouari sont sur les dents. Ces deux offres seront soumises à l'aval de la direction du groupe aux 200 000 salariés (dont un quart en France) ainsi qu'à celui des créanciers, grandes banques françaises et européennes, fonds d'investissements ou acteurs institutionnels. Lundi 10 juillet, le quotidien économique Les Echos a révélé que le Tchèque Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière, déjà actionnaires de Casino, pensaient à Philippe Palazzi, un ancien de Lactalis et surtout de Metro dont le milliardaire tchèque est le premier actionnaire, comme possible directeur général en cas de succès de leur offre.

Jean-Paul Mochet, ancien cadre de Casino, serait lui appelé à jouer un rôle de conseiller, selon des informations des Echos dont l'AFP a eu confirmation lundi dans l'entourage des deux milliardaires. L'appui de ce parfait connaisseur d'un groupe qu'il a quitté en mai 2022, apparaît comme une réponse à l'éventuelle désignation de Moez-Alexandre Zouari en tant que PDG de Casino si l'offre du trio qu'il forme avec Xavier Niel et Matthieu Pigasse, baptisée « 3F », était retenue. Actionnaire des surgelés Picard et propriétaire des bazars Stokomani et Maxi Bazar, M. Zouari est un important franchisé du groupe Casino.Selon un acteur au coeur des discussions, ces annonces ne sont encore que de simples « souhaits »: « l'équipe de direction sera choisie par ceux qui mettront l'argent » dans le cadre d'une augmentation de capital, pas avant.

Fonds propres et dette

Car Casino ne doit pas seulement renégocier son écrasant endettement, annoncé à 6,4 milliards d'euros à fin 2022. Il doit aussi lever au moins 900 millions d'euros de fonds propres. Le camp « 3F » prévoit d'injecter la même somme dans le groupe. Cet apport se ferait pour moitié sous forme de fonds propres - également abondés par des fonds d'investissements créanciers de Casino, Attestor, Davidson Kempner et Farallon Capital, selon les termes de l'offre publiée par Casino. Et, pour l'autre moitié, sous forme d'une émission de dette. « 3F » apporterait dans le cadre de cette offre 175 millions d'euros, chacun des trois partenaires mettant « le même argent sur la table », a précisé à l'AFP une source proche du dossier.

En face, le duo Kretinsky-Ladreit de Lacharrière prévoit l'injection de 1,35 milliard d'euros de fonds propres: plus de 900 millions d'euros émanant d'eux-mêmes à raison de 750 millions pour le Tchèque et 150 pour le Français. Près de 300 millions d'euros émaneraient de créanciers actuels du groupe souhaitant devenir actionnaires. Et un peu plus de 150 millions pourraient être apportés par les actionnaires actuels du groupe.

Quant à la dette, ce camp prévoit de convertir 5 milliards d'euros de dette brute en environ 500 millions de capital. En face, « 1,3 milliard d'euros de dette perpétuelle serait converti en actions, 2,2 de dette obligataire également », a indiqué lundi à l'AFP une source proche du dossier 3F qui assure que son offre est plus acceptable pour les créanciers.

Quel projet ?

L'avis de ces derniers compte, mais les salariés aussi veulent faire entendre leur voix. Le nombre d'emplois maintenu sera une donnée clé de l'équation, rappelle lundi le média spécialisé LSA. « 3F » assure prévoir « le maintien du niveau d'emplois » actuel, tandis que le duo Kretinsky-Ladreit de Lacharrière n'envisage ni cession des hypermarchés ni cession du commerçant en ligne CDiscount, selon son entourage.

Quant à la relance de l'activité, les deux parties estiment qu'elle devra passer par une baisse des prix en rayons, un gros travail sur l'offre commerciale et le développement de partenariats. Du côté de « 3F », plutôt que de se lancer dans une course à l'expansion, l'accent serait « clairement mis sur la performance commerciale au m2 et donc la nécessité de retrouver rapidement de la rentabilité pour le groupe », précise la source proche de cette offre.

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