Inflation, faillites et concurrence en ligne : les soldes d'été s'ouvrent ce 28 juin dans un contexte morose pour le commerce, qui espère profiter de ce rendez-vous pour finir la saison sur une note positive.
« Il faut qu'on réussisse la période de soldes », qui dure jusqu'au 25 juillet, « d'autant plus que le début de saison n'a pas été bon », explique à l'AFP Yohann Petiot, directeur général de l'Alliance du commerce, qui regroupe grands magasins et enseignes de l'habillement. En cause, les difficultés accumulées par le secteur, avec comme principal point d'achoppement l'inflation, qui a détourné les consommateurs de ce poste de dépense.
« Il va y avoir des prix plus intéressants, on espère que ça permettra de relancer un peu la consommation, très faible dans notre secteur », ajoute M. Petiot, qui invite les Français à se laisser séduire par les bonnes affaires. Mais malgré les espérances des professionnels, les soldes, ce grand rendez-vous de la consommation, ne créent plus forcement l'évènement, redoute Gildas Minvielle, directeur de l'observatoire économique de l'Institut Français de la Mode (IFM).
« On est dans un contexte délicat et les consommateurs ont l'habitude des petits prix », note-t-il. « Les soldes dans un contexte comme celui d'aujourd'hui passent pratiquement au second plan. » D'après un sondage de l'Ifop, réalisé à la demande du site de vente d'articles de mode en ligne Spartoo, 27% des Français déclarent renoncer aux soldes en 2023. Et 29% disent prévoir un budget en baisse par rapport aux années précédentes.
Faillites en série
Inflation et hausse des coûts - des matières premières et de l'énergie - ne sont que deux d'une longue liste de problèmes qu'affrontent les commerçants depuis trois ans. Les conséquences du Covid-19, la concurrence de la vente en ligne et l'essor du marché de la seconde main ont fragilisé des entreprises en difficulté, notamment dans le prêt-à-porter et chez les chausseurs.
La liquidation brutale de Camaïeu en septembre 2022, entraînant le licenciement de 2.100 salariés, a secoué le monde de la mode et marqué le début d'une succession de liquidations et de redressements judiciaires dans le milieu de gamme du prêt-à-porter, gelés un temps par les aides aux entreprises au moment du Covid. Depuis, San Marina, Kookaï, Burton of London, Gap France, André, Kaporal ont été placés en redressement ou liquidés.
Dernière victime en date, Don't Call Me Jennyfer (anciennement Jennyfer jusqu'en mai 2019) qui a son tour demandé son placement en redressement judiciaire mi-juin. « Je n'ai pas l'impression que les soldes vont démarrer dans une très bonne ambiance, je ne suis pas certain que ce soit un très bon millésime », présage Gildas Minvielle.