Ancien responsable marketing dans l’informatique, Alban Mayne a co-fondé la marque de shampoings solides Beauty Disrupted. Une bifurcation liée à l’urgence face à la pollution plastique.
Avec ses longs cheveux, il était prédestiné à travailler dans les produits capillaires. Mais c’est dans l’informatique qu’Alban Mayne a fait l’essentiel de sa carrière, avant une prise de conscience à la quarantaine. « Je n’avais pas envie de dire à mes enfants, s’ils me demandaient ce que j’avais fait pour la planète, que j’avais vendu des souris et des claviers. » Passionné de voile, il est sensibilisé au fléau du plastique dans les océans. La lecture d'un article du magazine Forbes est un électrochoc : sur 80 milliards de bouteilles de shampoing et après-shampoing produites chaque année dans le monde, seulement 9% sont recyclées. En 2019, il quitte un emploi confortable chez Logitech et lance, avec son collègue et ami suédois Svante Holm, le projet de cosmétiques solides Beauty Disrupted.
« Nous avons testé une quarantaine de marques mais l’expérience était décevante : les produits ne moussaient pas, le parfum n’était pas agréable, le savon ne tenait pas bien en main, les cheveux étaient secs, relate-t-il. On cherchait une qualité au moins égale à celle des shampoings liquides. » Les deux associés passent deux ans à développer la formule idéale, sans connaissance du monde de la beauté mais avec une culture de l’expérience client héritée de la tech. « Svante a travaillé chez Apple et avait une sensibilité au design. Chez Logitech aussi, l’attention au détail est fondamentale. Nous voulions un produit ergonomique qui épouse la forme de la tête tout en tenant dans le creux de la main. » Pour la formulation, les fondateurs ont éliminé les produits chimiques controversés et privilégié les ingrédients locaux et traçables. Les parfums bio ont été mis au point avec un parfumeur de Grasse. Bien évidemment, tous les packagings sont en carton. Là encore, l’expérience d’Apple a été déterminante. « Les produits sont présentés dans des coffrets qui s'ouvrent par le dessus, comme pour un iPhone. Le futur sera durable s’il est désirable. Il faut une expérience irréprochable pour installer la catégorie des cosmétiques solides, comme l’a fait Tesla pour populariser l’électrique », assure Alban Mayne.
Lancée il y a deux ans pour la journée mondiale des océans, Beauty Disrupted est une marque haut de gamme, distribuée dans les grands magasins. À 22 euros, son shampoing de 100 grammes remplace deux bouteilles en plastique de 250 ml. La marque franco-suédoise propose aussi des après-shampoings, de la mousse à raser, des savons pour le corps et les mains. Depuis quelques mois, elle s’étend dans l'hôtellerie de luxe, avec l'ambition de remplacer 100 millions de mini-bouteilles en plastique d'ici 2027. Certifiée B Corp, elle soutient le Jane Goodall Institute, Protect Our Winters et Sea Shepherd, dont Alban Mayne est bénévole. « Ma femme et mes enfants ont beaucoup de mérite, car l’aventure de l’entrepreneuriat est difficile. Si vous pouviez les citer, ils s'appellent Marion, Victor, Honorine et Jules. » Voilà qui est fait.