Ancien directeur de la stratégie de Ba&sh, Alexandre Iris a créé sa marque, « Cent Neuf », avec l’envie de prendre un créneau non encore occupé du marché de la seconde main. Il a convaincu Le Bon Marché de vendre ses produits.

Au premier étage du Bon Marché, dans l’espace dédié aux designers contemporains, les portants de Cent Neuf ne se distinguent pas de ceux des marques voisines. Vestes beiges, jeans clairs, bien ordonnés, dans la tendance de la saison. Et pourtant, ils ont une particularité : c’est de la seconde main. Portés puis jetés par leurs propriétaires, ils ont été rachetés chez des grossistes, nettoyés, réparés, mis en vente auprès d’une clientèle peu familière de la réutilisation de vêtements, pour un prix moyen de 60 euros.

Cette idée de faire de la seconde main différemment, en travaillant en collections comme dans le neuf et en soignant l’expérience client et l’image - les marketplaces comme Vinted et les friperies ne font pas tout en même temps -, est née dans le cerveau d’un jeune entrepreneur, après une expérience à responsabilités au sein de la marque de mode Ba&sh. « J’ai beaucoup d’idées, celle-là, mûrie un an et demi à deux ans, me semblait tenir la route », confie Alexandre Iris, qui, à sa sortie de HEC en 2017, n’avait pas forcément prévu de travailler dans ce secteur. Sa vision en tête, il peaufine son projet, met sur pied un business plan, s’entoure - ses associés sont Mathilde Carles, ancienne de Céline, et Gaultier Desandre Navarre, contributeur artistique à Vogue -, active ses contacts pour décrocher un rendez-vous au Bon Marché, première « belle » adresse à accueillir ses produits en plus de son site, d’un magasin multimarque et d’un pop-up store à Paris. Si la filiale de LVMH lui fait confiance, cet admirateur de Lucie Basch, cofondatrice de Too Good To Go, et de Marine Serre, styliste et figure de la mode engagée, reste humble. Il sait qu’il est très jeune sur le marché, que tout peut arriver.

Tournant « vert »

Ses classes, donc, il les fait chez Ba&sh. Pendant HEC, il réalise deux stages dans le conseil, un milieu dans lequel il ne se retrouve pas vraiment. Puis, ce défenseur du bien-être au travail postule large en termes de secteurs, et choisit Ba&sh parce que le courant passe. Il y sera successivement bras droit du DG Pierre-Arnaud Grenade et directeur de la stratégie, de la transformation et du développement durable, « practice » qu’il contribue à créer, et par ailleurs membre du comex. Presque cinq années qui s’achèvent quand Ba&sh est revendue. « J’avais une bonne idée, et moins de potentiel d’épanouissement dans cette entreprise. Et je n’avais pas la peur de me tromper : mon père, chef d’entreprise dans les SI, a démystifié le côté infaisable de la création d’entreprise. Et la France permet cela », analyse celui qui est, par ailleurs, amateur de littérature française et russe. Ses commandes e-commerce sont d’ailleurs livrées assorties d’une page de poésie. Prochaines étapes, solidifier ses débuts, alors que Cent Neuf compte aujourd’hui sept personnes, et préparer l’ouverture d’une première boutique cette année.

Parcours


1993. Naissance à Boulogne-Billancourt.
2015. Enchaîne deux stages en conseil, chez Deloitte et OC&C Strategy Consultants.
2017. Sort diplômé de HEC.
2017 (août). Entre chez Ba&sh comme bras droit du dirigeant, directeur de la stratégie, de la transformation et du développement durable.
2022. Cofonde Cent Neuf, marque de vêtements de seconde main haut de gamme.
2023. Sa marque est vendue au Bon Marché.

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