Distribution

Pressées d'agir pour freiner l'envolée des prix, Carrefour, Intermarché, Système U ou Monoprix ont multiplié dimanche les annonces de modération de prix, rendant superflu le projet de « panier anti-inflation » unique envisagé par le gouvernement.

Début février, sans attendre de projet gouvernemental, Système U avait été la première enseigne à lancer son propre panier de « 150 produits à prix coûtants » pour « une durée indéterminée », se contentant de la marge minimale prévue par la loi pour ces articles.

Ce weekend, Carrefour, Intermarché et Monoprix lui ont emboîté le pas.

Carrefour a annoncé au JDD qu'il allait lancer mi-mars son propre « panier anti-inflation » composé de 200 produits vendus en moyenne deux euros et « à prix bloqués » jusqu'à mi-juin. Il concerne 100 produits « du quotidien » et 100 autres labellisés « sains » avec un Nutri-Score A et B, commercialisés sous les marques Carrefour et Simpl.

Et Intermarché a de son côté annoncé dimanche le lancement d'une campagne sur « 500 produits anti-inflation », pour 470 d'entre eux des articles de ses propres marques de distributeur et pour 30, des « produits frais de rayons traditionnels -viande, poisson, fruit ou légume », selon un communiqué.

Monoprix, enseigne du groupe Casino, a communiqué dans la même journée sur le maintien jusqu'à fin juin de son dispositif « Monopetitsprix » concernant 300 produits à des prix bloqués, auxquels viendront s'ajouter 87 produits supplémentaires à « prix contrôlés ».

A lire : Comment les marques pourront survivre à l'inflation

Mi-janvier, Bercy avait dit travailler à l'élaboration d'un panier qui devait comporter dans un premier temps une vingtaine de produits de première nécessité, puis une cinquantaine. Mais l'idée a buté sur l'impossibilité pour le gouvernement d'encadrer trop rigoureusement les prix, pour des questions de concurrence.

« Nous avons rencontré (le ministre de l'Economie) Bruno Le Maire avant-hier, et il nous l'a confirmé, il n'y aura pas de panier anti-inflation », a déclaré samedi sur France Info la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert.

« C'est compliqué parce que les grands distributeurs ne sont pas forcément d'accord sur le panier », a reconnu de son côté le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau sur RMC.

Inflation à deux chiffres

« Nous échangeons, et échangerons encore demain de manière constructive, avec le ministre de l'Économie Bruno Le Maire et la ministre du Commerce Olivia Grégoire sur les solutions qui aideront les Français à faire face au choc de l'inflation qui percute leur pouvoir d'achat », a indiqué Thierry Cotillard, président du groupement Les Mousquetaires auquel appartient l'enseigne Intermarché.

Une réunion est prévue lundi matin à Bercy entre les deux ministres et la grande distribution, au cours de laquelle sera dévoilé un nouveau rapport de l'Inspection générale des finances sur les marges dans la filière alimentaire, depuis les agriculteurs jusqu'aux consommateurs en passant par l'industrie agro-alimentaire.

A lire : Les stratégies anti-inflation de la grande distribution

Le président du comité stratégique des centres Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, rejette pour sa part sur les industriels la responsabilité de la hausse des prix des produits alimentaires, qui s'est accélérée à 14,5% sur un an en février, selon une estimation provisoire de l'Insee.

Selon lui, les 10% de hausse en moyenne que les agro-industriels ont réussi à imposer aux grandes surfaces lors des négociations qui viennent de s'achever vont se rajouter aux augmentations passées, si bien que les prix vont monter de 25% en 18 mois.

Il a accusé sur Europe 1 les fournisseurs de ne pas avoir été « transparents » et déplore « une sorte de culture industrialiste qui se fait au détriment du consommateur ».

Pour le PDG de Carrefour Alexandre Bompard également, le niveau de l'inflation alimentaire « va rester à deux chiffres jusqu'à cet été en s'élevant probablement au-dessus de celui atteint actuellement », a-t-il dit dans le JDD.

Face à cette situation, il s'est dit satisfait que Bruno Le Maire ait « décidé de laisser à chacun la liberté de définir les opérations de son choix ».

« Il était essentiel que tous les acteurs puissent s'engager en même temps, mais avec une pleine autonomie d'action. Le résultat en sera d'autant plus puissant », estime M. Bompard.

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