Face aux critiques sur le «made in China», Doudou et Compagnie, la société retenue pour produire une partie des mascottes des JO de Paris, se fixe comme objectif de produire la moitié de ses peluches dans son atelier breton. Visite.
C'est un défi olympique pour Doudou et Compagnie : retenue pour produire une partie des mascottes des JO-2024 de Paris, l'entreprise se fixe désormais comme objectif de produire la moitié de ses peluches dans son atelier breton, en réponse aux critiques sur le « made in China ».
« On s'est engagés, devant la pression et aussi le très fort engouement pour la mascotte, à fabriquer plus de 1 000 mascottes par jour en France », a déclaré le 29 novembre le président du groupe, Alain Joly. Cela revient à passer de 15% à 50% la part des peluches produites par la société en France, soit quelque 400 000 au total, « c'est un vrai challenge qu'on est prêt à relever », dit le patron.
Il présentait la nouvelle ligne de production des « Phryges », bonnets phrygiens aux gros yeux, mascottes des JO, à La Guerche-de-Bretagne, à une quarantaine de kilomètres de Rennes. C'est là que les peluches « premium », au toucher plus doux et dotées d'une mémoire de forme que leurs congénères chinoises n'auront pas, ont commencé à être assemblées. « Tout à la main ! », insiste Alain Joly, fier d'avoir remis en selle cette « fabrication artisanale qui n'était pas dans notre ADN ».
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Certes, une partie des pièces en plastique est importée d'Asie ainsi que la fausse fourrure mais selon lui, 80% de la valeur ajoutée de ces mascottes est créée en France. Tout commence par la phase de découpe des pièces textiles à l'aide d'une presse hydraulique. Si des machines automatisées s'occupent de broder les logos, ce sont bien des ouvrières qui cousent ces pièces, 38 éléments pour la Phryge contre 50 pour l'ours en peluche traditionnel qui est également produit dans l'atelier.
Les gestes manquent encore de fluidité. « On est un peu en rodage », sourit Mélanie, mécanicienne à la manoeuvre. « C'est tout nouveau mais on va vite s'habituer. On connaît ça quand on fait du doudou ». « Le mois de décembre sera consacré uniquement à l'optimisation de la production », explique Alain Joly. En vitesse de croisière, le cahier des charges prévoit que chaque mascotte soit assemblée en 20 minutes au plus par les couturières qui devraient être soixante d'ici fin 2023.
Une fois cousue, l'enveloppe est remise à l'endroit et équipée d'une ossature plastique qui lui donne ses articulations et sa mémoire de forme uniques. Vient alors l'étape du « rembourrage », opération ressemblant à la farcissure d'une dinde, durant laquelle la Phryge est remplie de fibres polyester recyclées au moyen d'une grosse canule. La mascotte est enfin brossée et inspectée sous toutes les coutures, à l'aide d'un jet d'air comprimé, pour s'assurer de sa qualité. Et pour éviter toute présence dangereuse d'aiguille dans le jouet, la Phryge passe par un détecteur de métaux, comme n'importe quel doudou produit dans l'atelier.
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Le marché des « Phryges » a été confié pour partie à Doudou et Compagnie, le reste revenant à une autre entreprise française, la PME normande Gipsy Toys. Initialement, Doudou et Compagnie avait annoncé son intention de produire 15% de son quota dans son nouvel atelier breton. Un chiffre qui avait suscité la polémique, certains jugeant cette proportion indigne de JO à la française.
La très grande majorité des peluches vendues en France sont produites en Asie, essentiellement en Chine, ont fait valoir les organisateurs des JO de Paris. Le coût de revient d'une peluche produite en Asie est cinq à six fois moindre que celui d'une peluche « made in France », relève Alain Joly. Au final, la mascotte française ne sera vendue qu'environ dix euros de plus, grâce « aux gros efforts consentis par tous sur les marges », distributeurs compris, s'est félicité le président du comité d'organisation des Jeux olympique Tony Estanguet.