Ce rêve est rendu accessible à une trentaine de jeunes sortis du système scolaire ou sans emploi. Cette formation est lancée par des professionnels du secteur, qui plaident pour davantage de « mixité sociale » dans une industrie encore trop fermée.
La plateforme en ligne Discord en guise de cahier interactif et la photocopie d'une manette de jeu comme dictionnaire pratique : c'est la forme atypique qu'a pris le premier cours d'anglais organisé dans l'un des locaux parisiens de « L'École de la deuxième chance », hôte et partenaire du programme, et qui a réjoui la première promotion d'apprentis « testeurs ».
« En quatre heures de cours, j'ai appris plus de choses que dans toute ma scolarité ! », lâche, à peine la séance terminée, l'un des trente étudiants.
La formation a été lancée par l'association professionnelle « Horizon Jeu Vidéo Île-de-France », à destination de jeunes âgés de 16 à 25 ans, ni en études, ni en emploi, ni en formation, originaires de Seine-Saint-Denis et du 18e arrondissement de Paris.
« J'étais un peu perdue dans ma recherche de projet professionnel, et une personne m'a parlé de la formation. Je me suis dit : "Pourquoi pas lier ma passion du jeu vidéo et en faire un travail" », raconte Emilie Bouvier, 22 ans, cheveux bleus et sac rose sur le dos pour ranger sa console Switch, de retour sur les bancs de l'école après une licence d'arts du spectacle inachevée.
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Survêtement du PSG, allure de geek ou look hip-hop : les styles vestimentaires diffèrent, mais tous partagent une connaissance quasi encyclopédique de l'histoire vidéoludique, jusqu'à citer par cœur le nombre de versions censurées du jeu « Grand Theft Auto ».
Beaucoup moins les différents débouchés professionnels qu'offre la première industrie du divertissement au monde, comme celui très demandé de « QA tester », métier qui consiste à tester un jeu en cours de production pour repérer tous ses défauts avant sa commercialisation.
« Il y a un véritable besoin de gens formés » à ce métier stratégique, autour « de quelques centaines par an », estime Bérénice Paquier, experte chez l'entreprise Play in Lab et formatrice.
Formation gratuite et rémunérée
« On dit souvent qu'on n'a pas assez de mixité sociale, de mixité de genre dans le jeu vidéo. Les boîtes sont les premières à s'en plaindre et à se demander comment on fait. Moi, je vois bien, quand je cherche à recruter, que c'est très difficile. On a un peu toujours les mêmes gens qui répondent quand on passe une annonce », raconte à l'AFP Marianne Tostivint, co-présidente de l'association « Horizon Jeu Vidéo Île-de-France » et dirigeante de l'éditeur Gamabilis.
Alors que l'offre de formation française pour les métiers du jeu vidéo, essentiellement privée et coûteuse, mène à un secteur où seulement une personne sur cinq est une femme, l'association a investi environ 300 000 euros avec la région Île-de-France, pour mettre sur pied cette formation gratuite et rémunérée s'étalant sur sept mois.
« L'idée, c'est vraiment de faire se rencontrer des publics qui jusqu'ici ne se rencontraient pas : les entreprises (ayant un besoin) de "QA testers" et qui cherchent à avoir des effectifs plus divers, et puis des jeunes qui ne savent peut-être pas que les métiers (existent) ou ne pensent pas que c'est pour eux », souligne encore Marianne Tostivint.
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Si la rémunération annuelle d'un « QA tester » junior tourne autour de 26 000 euros à Paris, selon les estimations de 2020 du Syndicat national du jeu vidéo, les perspectives de carrière sont nombreuses, veut croire Nabil Admi, 21 ans, qui a arrêté ses études de sociologie pendant la pandémie pour se lancer comme créateur de contenus sur Twitch.
« Sur le long terme, je souhaite devenir développeur web », confie le jeune homme, diplômé d'un bac pro cuisine. « Et pourquoi pas un jour entrer dans une équipe artistique ? Car je sais que je peux mettre mes talents à profit de quelque chose de plus créatif ».
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