Luxe
Après avoir testé les NFT avec une collection capsule et lancé son propre avatar, Monnier Frères met un pied dans la virtual fashion. Explications avec Diaa Elyaacoubi, CEO de la plateforme d'e-commerce d'accessoires de luxe.

Vous venez de lancer une collection de virtual fashion, en partenariat avec la marque Republiqe. De quoi s’agit-il ?

Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’une stratégie plus globale qu’on est en train de construire chez Monnier Frères. Nous sommes convaincus que le monde virtuel et le monde réel vont de plus en plus interagir. Le luxe porte de l’émotion, du rêve, et le virtuel permet ça, en offrant la possibilité de porter des robes excentriques ou des sneakers qui s’enflamment. Ce monde virtuel parallèle va porter une partie de nos désirs les plus fous. Le shopping de demain mêlera interactivité, entertainement et e-commerce.

Concernant cette première collection de virtual fashion, tout le monde ne peut pas s’offrir des produits de luxe à 300, 500 ou 1 000 euros. Grâce au virtuel, nous proposons des produits à des prix accessibles (entre 10 et 20 euros). Il s’agit d’une porte d’entrée pour créer cette interaction avec nos consommateurs. Nous nous sommes lancés avec 24 pièces de la marque Republiqe mais nous avons vocation à accueillir d’autres designers.

Dans ce cas précis, l’acheteur doit envoyer sa photo pour que l’objet virtuel puisse y être apposé. La prochaine étape n’est-elle pas que la pièce de mode apparaisse en réalité augmentée sous la forme d’un filtre sur les réseaux sociaux ?

L’expérience consommateur est ici très différente de celle d’un filtre. Avec un filtre, on s’amuse et on s’envoie la photo. Ici, on cherche à répliquer le modèle du retail, en étant proche du monde de l’achat et de la possession. Demain, l’upload puis le téléchargement de la photo avec la robe virtuelle seront automatiques. On ne s’inscrit pas dans une logique de filtre, même si tout est possible dans le futur. Notre force, c’est l’agilité et le fait d’être dans l’air du temps.

Qu’est-ce que la virtual fashion ouvre comme perspective pour l’industrie du luxe ?

Que ce soit avec les NFT ou la virtual fashion, l’industrie du luxe réfléchit à des choses comme ça. L’objectif est d’aller chercher ces millions d’utilisateurs d’un nouveau genre, à savoir la Gen Z. Pour cela, les grandes marques de luxe vont devoir embrasser ces nouveaux territoires qui mêlent storytelling, interactivité et entertainement. C’est aussi un moyen pour elles de rester dans l’air du temps et de continuer à faire rêver. Elles n’ont pas le choix : la Gen Z et la future génération – les M, pour génération meta – vont représenter dans les années à venir 70 % du marché du luxe. Elles doivent répondre à ça.

Que ce soit avec les NFT ou la virtual fashion, comment ne pas tomber dans le coup de com ?

On ne se contente pas de parler de ça, on le fait. Avec la virtual fashion, nous avons vendu en quelques jours seulement [l’offre a été lancée le 17 novembre, ndlr] quelques dizaines de pièces virtuelles. Nous en avons vendus plus à l’international (au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et en Asie) qu’en France. Et cette stratégie va encore s’accélérer.

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