Reportage
L’opérateur compte plus de 15 millions de clients en Côte d’Ivoire. Il est à la fois dans les télécoms, l'argent mobile, la formation, l’accompagnement de start-up et l’énergie.

En cette fin de matinée d’octobre à Abidjan, Fatoumata Koné, la vendeuse assise derrière son kiosque Orange qui sert aussi d’épicerie, fait ses comptes. Encore une fois, la start-up est en train de damer le pion au géant : 282 000 francs CFA de transactions ce matin-là pour Wave contre 160 000 pour Orange Money. Problème, si l’une et l’autre des applis d’argent mobile lui reverse la moitié de leur commission, la jeune pousse sénégalo-américaine ne prélève que 1 % de frais quand Orange monte jusqu’à 10 % (2,6 % en moyenne selon l’opérateur).

Contre-disruption

Le soir-même, Stéphane Richard, le grand patron, réunissait ses salariés pour leur passer un message : « Wave, on les prend très au sérieux. Cela va être une vague mais on va la contrer ». Forte d’une levée de fonds de 200 millions de dollars, la start-up a les moyens de grignoter les positions d’Orange qui réalise près de 10 % de ses revenus sur cette activité. L’opérateur se prépare donc à doubler le millier de kiosques exclusifs Orange et, surtout, à répondre à la disruption par la contre-disruption. Le 15 octobre, il décidait de ramener ses frais à 0 % au transfert et à 1% au retrait.

Orange se déploie aussi en Côte d’Ivoire dans la formation et l’accompagnement de start-up, via un « Orange digital center » (ODC), d’accès gratuit. Sur 1 200 m2, au Plateau, un immeuble en verre abrite l’un de ces ODC, le huitième sur les 18 prévus sur le continent d’ici courant 2022. La coopération allemande, via le GIZ, finance le quart des 40 millions d’euros de budget de ces ODC. On y retrouve une « academy », qui forme une soixantaine de stagiaires par an – 200 à terme. Un partenariat avec Amazon Web Services (re/Start) vise à former chaque année en douze semaines une centaine de professionnels aux métiers du cloud. Un fablab solidaire, avec imprimante laser et découpe laser, permet aussi à des jeunes de travailler sur des prototypes en robotique connectée. L’un d’eux, le « Flocolo », est sur le point d’être présenté : c’est un robot capable de sortir les déchets plastiques de la lagune via le GPS. Le Orange Ventures Africa vise à accompagner 57 start-up innovantes et à en financer 25. Dix sont déjà incubées avec, à la clé, un chèque de plus de 15 000 euros. Zencey, start-up spécialisée dans la téléconsultation médicale, fait partie des six retenues cette saison.

Maisons digitales

Via sa fondation, Orange est aussi au cœur d’un programme de « maisons digitales » pour des femmes analphabètes. 40 000 auraient déjà été formées par ces classes pour adultes. Grâce à des symboles d’écriture sur l’argent gagné ou perdu, et des slogans comme « on tue la pauvreté en rafale » - précédant une salve d’applaudissements -, il s’agit de sensibiliser à la gestion entrepreneuriale et à l’autonomie. Enfin, depuis 2018, Orange Energie propose trois kits solaires pour les 27 % de foyers ne disposant pas de l’électricité en Côte d’Ivoire. Douze mille y ont déjà souscrit. Le plus complet comprend les chaînes TNT d’EasyTV (Canal+). Orange teste en RDC la possibilité pour la diaspora de payer. Il prévoit déjà l’étalement des paiements et recueille de la data en vue de permettre à Orange Bank de délivrer ses micro-crédits.

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