Quelques jours à peine après le week-end pascal, la «résurrection» sera, sans doute, utilisée encore et encore dans les prochaines semaines. Encore faut-il que la vaccination trouve son rythme et que les gestes barrières ne soient pas rangés au rayon «souvenir lointain» du jour au lendemain. La résurrection sera donc citoyenne mais sera aussi celle d’entreprises, qui devront investir un lyrisme narratif.
En dehors d’un conflit armé, que pouvions-nous redouter de pire qu’une pandémie qui a charrié, avec elle, des désastres que nous ne mesurons, encore, qu’assez peu ? Plus de 100 000 morts et autant de familles endeuillées, des secteurs économiques entiers à l’arrêt complet depuis 13 mois, un endettement national lesté encore davantage et des fracturations sociales multiples seront au bilan qui devra, lui, accoucher d’une ambition à la hauteur de ce moment hors normes, suspendu. Ces moments de transition requièrent, souvent, l’utilisation des outils classiques de relance, qu’ils soient monétaires, budgétaires ou structurels, mais ils peuvent aussi voir l’émergence de disruptions économiques propres à investir des pans entiers de secteurs que la planète, surtout, impose désormais.
Mais le fond ne doit pas occulter la forme qui, comme Victor Hugo aimait à le rappeler, n’est rien d’autre que le fond qui remonte à la surface. Cette forme se niche dans l’empathie, la bienveillance et le dessein que le personnel politique devra instiller dans ses propos des prochains mois ; dans la culture qui nécessitera d’accompagner le besoin irrépressible de respirer un autre air que celui de Pfizer et consorts ; dans le tourisme et la restauration hexagonaux qui, entre autres, devront être soutenus encore longtemps ; et dans le sport qui, lui, est un vecteur d’appropriation, de festivités et de prolongement de soi par le plus grand nombre et sans commune mesure.
La valeur rare de l’inconnu
Quel sport réunit, aujourd’hui, parmi le plus grand nombre de valeurs contemporaines ? Pas vraiment le football, qui traîne derrière lui de trop lourds lingots. Le cyclisme traîne derrière lui un surpoids de piqures et la F1 trop d’énergies fossiles volatilisées en moins de deux heures. Même problème dans le tennis, où le trio Djokovic, Federer, Nadal a du mal à laisser la place qui, sans eux, sera plus terne. Que reste-t-il ? La voile, où l’argent n’a pas contaminé ses acteurs, où le dopage n’existe pas, où vous faites le tour de la planète avec 50 litres de gazole et où le vivier de talents est d’une jeunesse épaisse.
Mais la voile a autre chose qui, bien qu’ayant peu à peu disparu de nos radars quotidiens, demeure être une valeur rare : l’inconnu. A l’heure où tout se sait avant même de s’être déroulé, un bateau qui quitte un quai pour s’en aller faire sa course trimballe dans son sillage 1000 rêves dans l’esprit d’un enfant de sept ans, dans celui d’un octogénaire comme dans celui d’un salarié, d’un client, d’un prospect ou d’un fournisseur. Comment font-ils pour encaisser les tempêtes ? Que vivent-ils une fois dans la nuit noire ? Voient-ils des cétacés ou des containers ? Comment font-ils pour s’endormir dans ce vacarme, cette vitesse et cet équilibre précaire ? Ce sont autant de questions qui viennent nourrir récits et conversations qui, eux, sont le «fuel» des contenus indispensables à toute organisation.
Toutefois, il est souvent reproché à la voile d’être moins médiatique que ses congénères. Mais quel est le ratio entre la dépense d’un sponsor et le retour sur son investissement quand il met un pied sur un bateau ? Il est colossal quand l’équilibre économique d’autres sports, lui, est plus précaire. La voile de compétition sera l’un des sports de demain parce que c’est un sport propre, au ROI incontestable, n’ayant que le vent pour combustible et permettant aux valeurs d’engagement, de courage, de respect, de performance mais aussi d’aventures d’avoir pignon sur rue. Alors, quand est-ce que vous embarquez ?
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