Le problème lorsqu’on est un symbole, c’est qu’on reste un symbole. PDG de Danone depuis 2017, Emmanuel Faber détonnait. Ambassadeur de l’économie circulaire auprès du ministère de la Transition écologique, on se souvient surtout de son discours vibrant d’émotion devant une promo d’HEC émue aux larmes. Il symbolise dans les cercles économistes la nouvelle génération d’entrepreneurs «positifs», désireux d’allier un monde durable et respectueux de l’environnement, à un parterre d’actionnaires satisfaits. Sous son ère, Danone a été la première société à mission du CAC 40 – avec une raison d’être - et une figure d’exemple en termes de mises aux normes TCFD qui visent à préparer une nouvelle comptabilité intégrant l’impact environnemental. Mais le conte n’a pas duré longtemps. Depuis plusieurs semaines, les fonds Bluebell Capital Partners et Artisan Partners mènent une campagne de dégagisme : la rentabilité de Danone n’a pas la cote, et la suppression de 2000 postes de managers ne change rien à la détermination des banquiers. Le dilemme est cornélien pour Danone et représentatif des choix de la société actuelle : se couper de son moteur d’engagements écologiques ou donner définitivement les clés aux actionnaires ? Pour le moment, le conseil d’administration a coupé le yaourt en deux, en le conservant président tout en lui retirant la direction générale. Mais soyons sûrs que la pièce n’en est à peine qu’à son prologue.
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Mise à jour: Le 15 mars 2021, le conseil d'administration de Danone a finalement tranché et évincé Emmanuel Faber. Le dilemme a été résolu.