Alors que le projet de loi «Climat et Résilience» a été présenté le 10 février en Conseil des ministres, le baromètre Odoxa-Dentsu pour Stratégies et Leyton apporte un éclairage sur l’apport des technologies vertes à la transition écologique. Il montre que les Français sont encore très partagés sur la question de savoir si l’État en fait assez pour favoriser et encourager le développement de solutions ayant un impact positif sur l’environnement. 50% lui font ce crédit mais 49% pensent qu’il n’investit pas suffisamment dans le développement de telles technologies, selon un sondage réalisé les 10 et 11 février auprès de 1001 internautes.
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Et pourtant, les Français interrogés semblent reconnaître le rôle de ces technologies dans la diminution des déplacements, la consommation locale ou l’efficacité énergétique.
L’utilité des outils numériques dans la lutte contre le réchauffement climatique se vérifie déjà à travers le télétravail, qui concerne près d’un actif sur trois. Avec les messageries instantanées, l’ordinateur portable et surtout les logiciels de visioconférences (Zoom, Teams, Meet…) , ils sont 88% à estimer qu’ils sont utiles pour diminuer les déplacements professionnels.
«Mais attention aux outils numériques, prévient Matthieu Locci, senior manager chez Leyton, certes ils permettent de réduire les déplacements mais on oublie leur empreinte carbone. Envoyer 20 mails + pièces jointes par jour équivaut à rouler 5 km en voiture. Une proposition de loi visant à réduire cette empreinte a été adoptée en décembre 2020 au Sénat, mais il faut aller plus loin pour évaluer et encadrer les émissions de gaz à effet de serre du secteur. Si le numérique ne représente aujourd’hui que 2 % des émissions de la France, son impact pourrait grimper à 7 % en 2040.»
Produire proprement
La crise sanitaire a aussi poussé de nombreux professionnels à se tourner vers le numérique pour poursuivre leur activité (vente en ligne, click & collect…). 82% des individus interrogés estiment qu’il peut être utile pour rapprocher les consommateurs et les producteurs localement.
Enfin, 80% estiment que l’innovation et les outils numériques sont aussi précieux pour produire et utiliser l’énergie avec plus d’efficacité et de manière plus respectueuse pour l’environnement.
Pour autant, une majorité de Français pointent le manque d’aides de l’État visant à inciter à la transition écologique, notamment pour produire plus proprement (71%), et, malgré les annonces faites en ce sens par le gouvernement, pour l’isolation des logements (54%), le chauffage (62%), ou l’équipement en véhicules électriques (64%).
En conséquence, c’est bien la définition d’axes prioritaires dans la politique industrielle et énergétique qu’attendent les personnes interrogées. Ils tranchent clairement en faveur d’un engagement affirmé de l’État dans les énergies renouvelables (86%) ou dans l’hydrogène (65%) plutôt que dans le nucléaire (43%), qui permet pourtant de concilier souveraineté énergétique et lutte contre le réchauffement climatique.
«La victoire revient véritablement à l’énergie hydraulique perçu comme la plus fiable et naturelle. Suivi de très près, l’hydrogène, encore mal connue il y a quelques années, s’inscrit comme un vrai substitut au pétrole. Enfin, l’éolien, parce qu’il est souvent vu comme dénaturant le paysage est la moins bien perçu des énergies vertes par les Français», observe Benjamin Grange, président de Dentsu Consulting.
À noter, les énergies fossiles ne doivent bénéficier du soutien de l’État que pour 25% des Français. Le projet de loi «Climat et Résilience» ne porte d’ailleurs que dans ce seul secteur ses mesures d’interdiction publicitaire.