L'année prochaine, les Françaises porteront des tops orange en taffetas, tandis qu'aux États-Unis, la mode sera aux robes en mousseline (sheer). Heuritech aide les marques à prévoir les tendances de consommation jusqu’à plus d’un an à l'avance en analysant les images issues des réseaux sociaux. « Nos algorithmes d’intelligence artificielle sont capables de mesurer de manière très précise des milliers de détails spécifiques, de la matière à la couleur, en passant par la texture, les motifs, etc. », indique Tony Pinville, CEO-fondateur. En quelques années, les plateformes sociales ont bouleversé le secteur de la mode. Si auparavant, les tendances émanaient d’une poignée de personnalités, aujourd’hui, elles subissent l’influence de millions de personnes dans le monde, des stars aux micro-influenceurs.
Early adopters et professionnels de la mode
Au total, Heuritech passe en revue des millions d’images, à la fois générées par les « early adopters », les professionnels de la mode, mais également les signaux faibles d’autres panels tels que les célébrités, les influenceurs, et autres consommateurs réels. « En cette période de crise, notre solution, drivée par la data, apporte une aide concrète et rationnelle pour limiter les risques d'un lancement de produits. Les marques ne peuvent plus se permettre la moindre incertitude et de ne se baser que sur l’intuition. Pendant longtemps, les entreprises s’appuyaient sur des infos qualitatives, mais l’influence est devenue tellement globale que ces informations ne sont plus suffisantes. Heuritech est complémentaire aux cabinets de tendances », souligne le PDG.
Heuritech est le fruit de la rencontre entre deux chercheurs en IA, Tony Pinville et Charles Ollion. Après leur doctorat en deep learning à Paris en 2013, les deux hommes développent une technologie de reconnaissance visuelle de pointe. C’est aux côtés d’un grand compte, Louis Vuitton, qu’ils fondent en 2015 leur concept définitif : une solution tout-en-un, conçue pour répondre aux enjeux du développement d'une collection de produits de mode.
Aujourd’hui, Heuritech compte dans son portefeuille des clients tels que Dior ou Adidas pour 45 salariés. Son modèle économique est basé sur la commercialisation en saas. Heuritech se présente sous la forme d’un logiciel, accessible depuis les interfaces web, configuré en fonction du scope de la marque, sa cible, et les régions qu’elle vise. Les panels sont donc différents selon les entreprises. En septembre dernier, la start-up a levé 4 millions d’euros pour accélérer son développement. « À l’avenir, nous réfléchissons à décliner notre solution pour la rendre accessible à de plus petites enseignes, qui n’ont pas le même niveau de technicité », entrevoit Tony Pinville.
