Le billet

Cela fait partie des télescopages d’information. Deux histoires qui n’ont rien à voir et qui se mettent en parallèle des yeux. Alors que les images des violences exercées par la police pour déloger des migrants place de la République le 23 novembre au soir ont tourné en boucle sur les réseaux sociaux – allant jusqu’à choquer le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin – se déroule à quelques centaines de kilomètres de là, les 23 et 24 novembre un triste procès. Un policier belge est mis en examen pour homicide involontaire. Le 17 mai 2018, à Mons, une patrouille de police a pris en chasse une camionnette suspectée de transporter des migrants. Malgré les injonctions, le chauffeur ne s’arrête pas. Après trente minutes de course poursuite, un policier tire sur la camionnette, et Mawda Shawri, une petite fille kurde de 2 ans, touchée à la tête, juste sous la narine, meurt sur le coup. Sous les yeux de ses parents. Quel est le lien entre ce procès et la nuit place de République ? Juste un rapport au mot. On ne peut évidemment pas rapprocher et mettre sur les mêmes plans les deux histoires. Mais de la même manière que le policier belge affirme pour se défendre n’avoir que « tiré sur une camionnette », les policiers de Paris n’ont fait que « déloger des tentes ». Ils sont souvent beaucoup trop petits, les mots. Tellement petits qu'on en oublie qu'il peut y avoir quelqu'un dedans.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.