politique
Andrew Lipsman, trente et un ans, vice-président de Comscore, suit les dernières tendances Internet de l'élection présidentielle américaine. Son analyse à cinq mois du vote.

Comment évolue la couverture digitale des élections par rapport à 2008?

Andrew Lipsman. Regardons en arrière, en 2004, quand pour la première fois la levée de fonds sur Internet s'est développée. Au départ, la méthode était jugée problématique, mais à l'élection suivante, la levée de fonds digitale était acceptée et même encouragée. En 2008, Barack Obama a récolté un montant exorbitant d'argent sur la Toile. Nous sommes passés du refus du phénomène à une acceptation totale en quatre ans. De même, il y a quatre ans, Twitter n'avait pas grande importance. Mais, cette année, ce média est un élément crucial dans la bataille digitale.


Concrétement, quel est l'impact des médias sociaux dans la campagne?

A.L. Facebook, Twitter, You Tube et les autres sont les médias qui disséminent en grand l'information. Les internautes communiquent avec leurs amis sur le réseau et amplifient le message. Il y a de plus en plus d'interactions. Un exemple: un des nouveaux outils du site Obama. En ce moment, il y a beaucoup de débats centrés sur les femmes. Les partisans d'Obama, qui compte quelque 26 millions de fans (1,6 million pour Mitt Romney), ont créé un média interactif: The life of Julia. Grâce à ce personnage fictif, l'électeur comprend comment les mesures prônées par Obama changeraient la vie de Julia et de milliers d'autres femmes. On a aussi un côté interactif avec le calculateur d'impôts sur le revenu, qui montre l'effet produit par les taxes Obama et Romney.


Comment les partisans des uns et des autres utilisent Twitter?

A.L. C'est avant tout le moyen de répondre de façon immédiate aux attaques de l'opposant. Les médias sociaux accélèrent tout: le cycle de vie des informations, la vitesse avec laquelle est levé l'argent. Chez Obama, encore, il y a un nouveau bouton rapide pour faire un don («Quick donate»). Vous appuyez sur celui-ci, on vous suggère un certain montant… en fonction de vos précédentes contributions.


Les candidats utilisent-ils le téléphone portable?

A.L. Pas beaucoup. En 2008, on s'est seulement servi des textos le jour des élections pour inciter à aller voter. Cela va sûrement recommencer cette fois-ci.


Que pensez-vous du rôle des blogueurs?

A.L. Ils sont très importants. Le phénomène des blogueurs est apparu en 2000, lorsque George W. Bush affrontait Al Gore et que tout se jouait en Floride. Leur influence n'a cessé de croître avec chaque élection. Ces citoyens-journalistes sont à l'avant-poste sur tous les sujets. Les candidats ne peuvent plus changer de position au gré de l'élection. Les blogueurs récupèrent les vidéos, trouvent sur Internet les comptes-rendus d'événements passés et rappellent les faits. Exemple: pendant cette campagne, les républicains ont affirmé que le prix élevé de l'essence était la faute du président Obama, qui avait réduit la production de pétrole. Les blogueurs ont rectifié le tir en montrant que la production avait cru chaque année depuis que Barack Obama était au pouvoir.

 

(encadré)

L'effet tweet

Twitter est devenu un outil essentiel de la campagne pour tester les projets des candidats auprès d'un public restreint de leaders d'opinion. Cela permet de peaufiner son message, de l'affiner ou de le corriger en fonction des réactions. En 2008, le jour de l'élection, seulement 1,8 million de tweets avaient été envoyés. Aujourd'hui, le même nombre est envoyé toutes les… huit minutes. Les deux candidats, Obama et Romney, tweetent, leurs femmes aussi. Et des milliers de followers suivent leurs tweets.

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