«Aujourd'hui, beaucoup d'entreprises mesurent leur empreinte environnementale. Certaines modifient leurs produits en agissant par exemple sur l'emballage ou la chaîne du transport. Mais très peu encore changent en profondeur leur processus de production dans un processus d'écoconception», constate Ganaël Bascoul, manager au sein du département Environnement et Développement durable d'Ernst & Young, qui a organisé le 17 novembre dernier sa troisième conférence «Green Ocean» sur le marketing durable, cette fois sur le thème: Oser l'innovation de rupture en croisant écoconception et analyse de la valeur. Aux côtés d'Eurotunnel et de Lexmark, le retour d'expérience du spécialiste des planches de surf Notox est emblématique d'une démarche d'écoconception. Cette dernière a été en effet au fondement même de la création en 2009 de cette entreprise basque. «En totale contradiction avec l'esprit du surf, la technologie utilisée pour la fabrication des matériels de glisse, qui n'a pas évolué depuis les années 50, recourt à de nombreux produits toxiques ne respectant ni l'environnement ni les personnes fabriquant ces planches», explique Pierre Pomiers, président de Notox. La jeune société a mis trois ans pour mettre au point une nouvelle technologie baptisée Green One et utilisant des produits naturels comme la fibre de lin et la résine biosourcée. Afin d'amortir le coût de son atelier (25 fois plus cher qu'un atelier classique), Notox a créé un modèle économique basé sur la mutualisation de son outil de production avec d'autres artisans du secteur. «Par ailleurs, pour compenser le surcoût d'environ 60% pour le client final, nous mettons en avant les attributs écologiques du produit mais aussi ses performances en matière de réactivité, de vitesse et d'absorption des vibrations», précise Pierre Pomiers qui est passé de 150 à 400 planches produites entre 2009 et 2011. «Investir dans le développement durable permet non seulement de se distinguer de la concurrence sur le plan de l'innovation sociale et environnementale, mais aussi d'explorer de nouveaux territoires et de découvrir bien souvent des innovations techniques ou “servicielles” inattendues», conclut Ganaël Bascoul.