La «révolution mobile» peut-elle être le territoire de communication d'un seul opérateur? Début mai, le lancement du site Larévolutiondumobile.com, accompagné d'une page Facebook et d'un fil Twitter, relayé par une invitation à une conférence de presse le 11 mai, suscitait le buzz: qui était derrière? Le jour-dit, le câblo-opérateur Numericable tombait le masque: il se lance à son tour dans la téléphonie mobile, avec une offre lancée lundi 16 mai, pour 24,90 euros par mois pour les abonnés Numéricable, et 49,90 euros par mois pour les non-abonnés. «On a inventé le forfait mobile illimité», jubile Jérôme Yomtov, son secrétaire général.
Free pris de vitesse
Au menu, donc, une offre mobile qui inclut les SMS et les appels vers les téléphones fixes et mobiles, et l'Internet mobile. Mais cette offre «révolutionnaire» à un prix: sans mobile fourni, avec un plafond d'usage limité à 500 mégaoctets, le tarif réservé aux seuls clients Numéricable est fixé à 24,90 euros, moyennant un engagement sur vingt-quatre mois.
Numéricable est un nouveau-venu dans le domaine de la téléphonie mobile, qui, faute de posséder un réseau mobile, loue celui de Bouygues Telecom. Et s'ajoute ainsi aux opérateurs mobiles virtuels (MVNO), tels Virgin Mobile, 9 Telecom, bientôt La Poste, et... Free. Car le câblo-opérateur dame ainsi le pion à son rival. Free, qui doit ouvrir son réseau mobile début 2012, avait déjà promis une offre cassant les prix du marché. Et jouait déjà sur le registre de la «révolution», nom de sa dernière box, la Freebox V6.
Le 5 mai, son avocat, Yves Coursin, a envoyé un courrier publié sur le site Larévolutiondumobile: son client craint que cette communication sème «une certaine confusion vis-à-vis du public. Le caractère anonyme de cette communication accentue le problème», argumente-t-il. Vae-Solis, agence de RP de Numericable, a-t-elle frôlé de trop près l'argumentaire de Free? No comment de l'agence.
Le 11 mai, jour de la révélation de l'offre, sur la page Facebook de l'événement, les commentaires des internautes n'étaient pas tendres : «plutôt la révolution du lancement loupé», «merci Numericable pour cette belle leçon de suicide commercial», relève alors le site spécialisé Numérama. Une page sur laquelle, le lendemain, Numericable avait effectué un nettoyage radical.
Dans le plan médias, enclenché le 15 mai au soir, conçu par l'agence Change, plus d'allusion à quelque «révolution». Dans cette vaste campagne pluri-médias (TV, radio, affichage, presse écrite), l'accent est mis sur les tarifs, avec pour signature «la performance fait la différence». Le spot TV, qui met en scène un brainstorming d'un «congrès des opérateurs contre Numéricable», positionne plus sobrement le nouvel entrant comme challenger.
