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De plus en plus concurrencé, notamment par les avocats, le Conseil supérieur du notariat a décidé de frapper un grand coup en presse et surtout sur Internet avec une campagne décalée et humoristique signée Lowe Stratéus.

Dans les prochains jours, Justin Conseil devrait «déchirer» sur le Net… Avec son look de notable ranci et ses manières de rappeur affranchi, ce curieux spécimen entonnera à partir du 11 juin sur la Toile un morceau de hip-hop totalement déjanté. Petit aperçu: «Tu supportes plus ton p'tit job à la con, t'en as plus qu'assez d'bosser pour pas un rond, tu rêves de monter ta propre société, mais les formalités c'est pas ta tasse de thé. Un jour tu pourrais bien tomber sur un escroc qui voudra t'arnaquer, fouiner dans tes dossiers. Alors, un conseil mon frère: assure tes arrières !». Avec ce clip délirant diffusé sur le Net et sur le site www.justinconseil.fr, tout à la gloire de cet hurluberlu et de son assistante (une opulente rombière au déhanché endiablé), c'est toute une profession qui tente de changer d'image. Comme le rappelle le refrain de Justin: «Je suis notaire, un métier d'enfer. Je suis notaire, j'mets le nez dans tes affaires, pour que t'aies pas de galères».

Accompagnée de trois annonces presse visibles dès le 10 juin, cette campagne Internet, signée Lowe Stratéus, joue à fond l'autodérision et l'humour. «Le volet presse reprend les clichés sur les notaires pour mieux souligner leurs points forts («Votre notaire est sans fantaisie, ses honoraires aussi»). Le clip et le site adoptent cette même stratégie, un peu à la façon de Bienvenue chez les Ch'tis, visant à prendre à contrepied certains préjugés», déclare Bruno Voisin, directeur de la communication du Conseil supérieur du notariat, qui représente 9 000 notaires et plus de 4 000 offices notariaux.

«L'idée est de remettre le métier de notaire à la place qu'elle mérite: celle d'une profession fournissant de nombreux services liés au droit, au-delà d'un achat immobilier et d'un mariage», ajoute Philippe Adenot, président de Lowe Stratéus. 

Bras de fer avec les avocats

Ayant déjà signé deux campagnes en 2009, l'une en radio sur les prestations de conseil des notaires et l'autre en presse sur l'incontestabilité d'un acte notarié, le Conseil souhaitait toutefois marquer cette année sa différence sur un marché bien plus concurrentiel qu'il n'y paraît. «Il existe de fait des zones de concurrence avec les avocats, explique Bruno Voisin. Les récentes polémiques entre les deux professions en témoignent.»

En 2007, l'idée du gouvernement de remplacer le juge par le notaire lors des procédures de divorce par consentement mutuel avait ouvert les hostilités entre le notariat et le barreau. En 2008, le rapport Attali pour la libération de la croissance française, qui cite notamment les notaires parmi les rentes de situation, ont donné des ailes aux avocats. Enfin, l'acte contresigné par avocat proposé par la commission Darrois l'an dernier n'a fait que jeter un peu plus d'huile sur le feu.

Un duel que traduit à sa façon Justin Conseil dans sa chanson: «J'vis pas dans un palace avec une super blonde, j'ai peut-être pas la tchatch' des mecs en robe longue, mais mes conseils sont fiables, je suis incontestable.»

Voilà qui a le mérite d'être clair et ce, au moment où les avocats font eux aussi feu de tout bois en matière de communication. Très actif depuis six ans, le Conseil national des barreaux a encore diffusé dernièrement une campagne TV conçue par New Robinson Creapress et signée «On a tous au moins une question à poser à un avocat». «Nos moyens étant limités, nous misons quant à nous sur la carte de l'audace pour accroître notre visibilité», conclut le directeur de la communication du Conseil supérieur du notariat, qui a investi un million d'euros dans cette opération. 

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