Un rapport annuel qui soit tout sauf un rapport annuel: telle était la demande de SFR adressée à l'agence de contenus plurimédias Textuel La Mine (TBWA). «Le rapport d'activité est un exercice imposé, pas très marrant, et nous souhaitions le rendre un peu moins informatif et plus innovant», explique Julien Villeret, directeur de la communication de SFR.
L'agence a donc eu l'idée de recourir à une nouvelle forme de communication qui émerge depuis cinq ans sur la Toile: les web-documentaires. Ce format en ligne, oscillant entre film et reportage photo, donne la possibilité à l'internaute de naviguer de manière non-linéaire et de mener sa propre enquête en cliquant sur les liens qu'il souhaite.
Pour ce faire, Textuel la Mine a fait appel au maître du genre, Samuel Bollendorff. Photographe de l'agence Œil public et pionnier du web-documentaire, notamment primé pour Voyage au bout du charbon sur des mineurs chinois, il apporte, avec le photographe Éric Walther, un œil extérieur et professionnel sur le projet. «L'enjeu était de placer le curseur au bon endroit, de ne pas être trop technique mais sans trop vulgariser non plus», commente le réalisateur.
Résultat: Homo numericus, portraits d'une révolution invisible, visible sur la plate-forme institutionnelle sfrplayer.com, décrypte la France numérique à travers une série de portraits multigénérationnels. La parole est donnée tour à tour à des seniors, des blogueurs, des jeunes mais aussi à un psychologue, un sociologue et même au chanteur Sliimy, pur produit du Web. Chacun d'entre eux explique son usage du numérique.
Prise de risques
«C'est vraiment un travail d'investigation. Il n'y a pas eu de casting, nous sommes allés vers des personnes de plusieurs horizons, sans a priori», déclare Marion Combaluzier, directrice générale de Textuel La Mine.
L'objectif pour SFR est également d'expliquer au grand public son engagement et sa responsabilité d'entreprise dans la société, et plus particulièrement dans le secteur du numérique. L'opérateur, qui se place en entreprise responsable, se sentait obligé de rendre des comptes au grand public. «SFR fourni des outils numériques à un Français sur deux. Nous avons une responsabilité envers eux. Il est donc de notre devoir d'étudier la révolution et les comportements numériques», souligne-t-on chez SFR.
Cette prise de risques, l'opérateur comme l'agence l'assument. Et ne sont pas mécontents de jouer les précurseurs du web-documentaire en communication. Sur ce projet, l'opérateur se place uniquement en tant que producteur et en aucun cas comme sujet du reportage. «Nous ne voulions pas influencer mais seulement rendre possible cette enquête», conclut Julien Villeret.
Le web-docu, une enquête dont vous êtes le héros
Apparu en 2005, c'est en 2009 que le web-documentaire a gagné ses lettres de noblesse et que le monde de l'audiovisuel l'a récompensé lors de nombreux festivals. Des chaînes comme Arte ou France 5 ou des journaux comme Le Monde ont été les premiers à sauter le pas, finançant des formats jusqu'alors largement autoproduits. La particularité de ce support, qui associe textes, vidéos, photos et sons, est l'écriture qui permet au spectateur de créer son propre parcours à travers le documentaire. Grâce à l'interactivité possible sur le Web, chaque internaute en fait sa propre lecture, en cliquant sur des liens hypertextes. «Il y a encore des problèmes de financement et des nouvelles techniques d'écriture à trouver, nous n'en sommes qu'aux balbutiements», indique Samuel Bollendorff.