Si les sites communautaires lancés récemment par le PS et l'UMP arborent chacun les atours d'un réseau social, leur vocation affichée diffère. La Coopol (pour coopérative politique) du PS est un réseau social militant à plusieurs étages à l'instar de Mybarackobama.com. Une filiation assumée par son concepteur, Benoît Thieulin, et son agence de politique Web Netscouade, créateur des sites Désir d'avenir de Ségolène Royal (2006-2007) et Europe Écologie de Cohn Bendit (2009).
À l'instar d'un extranet, la Coopol est une plate-forme fournissant des outils bureautiques et de gestion aux responsables de sections du PS, leur permettant par la numérisation des échanges d'organiser et d'optimiser le travail militant et les actions de terrain. C'est aussi un Facebook pour les militants, invités à créer leur profil, à se faire des «coopains», à suivre la vie de leur section, à participer à des événements, à en créer, et à échanger leurs idées via… des groupes thématiques.
«Cette approche affinitaire du militantisme par centre d'intérêt et plus uniquement par section territoriale est nouvelle pour un parti politique, souligne Benoit Thieulin. C'est un moyen d'injecter une dose de méritocratie dans le parti en faveur des groupes les plus actifs et d'attirer les sympathisants qui souhaitent se mobiliser à la carte.» Chaque membre de la Coopol dispose à cet effet d'un tableau de bord de ses actions.
Réseau de soutien et d'action
«Les partis cherchent tous à recruter, mais d'abord il faut organiser la communauté des militants avant de s'ouvrir vers l'extérieur», défend le pragmatique Benoît Thieulin. C'est pourquoi lacoopol.fr, en ligne depuis l'automne, n'est ouverte à tous que depuis le 12 janvier.
Avec ses Créateurs de possibles, mis en ligne le 7 janvier, l'UMP défend une autre approche, conseillée par le publicitaire Christophe Lambert et l'agence de marketing interactif Isobar. «Là où Obama avait créé une communauté de supporteurs qui se contentaient d'obéir aux directives venues d'en haut, le Mouvement populaire invente une communauté en ligne qui part des citoyens et de leurs projets pour leur permettre d'agir concrètement», expliquait l'été dernier Xavier Bertrand, secrétaire général de l'UMP (lire Stratégies N° 1557 du 17 septembre 2009).
Ce «réseau d'actions citoyennes» permet à tous (élus UMP, militants et… opposants) de lancer des initiatives sous forme de pétitions et de mobiliser pour des action de terrain. Pour l'UMP, c'est un outil de veille des idées et le moyen, à terme, de créer selon Xavier Bertrand «un grand réseau citoyen des soutiens de Nicolas Sarkozy». Ce site qui n'organise pas les militants et peut entraîner provocation, déception et agacement apparaît à certains comme une énigme, voire une utopie. L'UMP reconnaît "prendre un risque"...