Entre le 1er mars et le 1 juin, la valorisation boursière du secteur de la tech a subi une dégringolade massive. L'indice effectué par le cabinet Fabernovel, qui regroupe les 20 plus grosses entreprises du secteur a perdu à lui tout seul 14%, soit 1600 milliards de dollars de valorisation boursière en 3 mois. «L'équivalent d'un Amazon», argue le cabinet. Une tendance qui pourrait atteindre les petites structures.
«Le manque de visibilité conjoncturelle a continué d’éroder la confiance des investisseurs à l’exception cependant du secteur de l’énergie qui continue sa revalorisation avec une hausse de la capitalisation boursière du secteur de 19%» explique Fabernovel dans son rapport. Tout le monde n'est pas touché de la même manière, cependant. « La publication de chiffres mitigés sur ce trimestre notamment en termes de profits de la part des géants de la tech comme Amazon ou Meta laisse penser que ces modèles atteignent certaines limites», indique Axelle Ricour-Dumas, directrice stratégie corporate chez Fabernovel. Mais on peut citer aussi Netflix, qui perd des abonnés et peine à offrir des actions structurelles fortes pour redresser la barre - autre que la publicité, donc qui ne sert qu'à redresser le chiffre d'affaires.
A l'inverse, Uber a vu son marché historique repartir à la hausse de 35% par rapport au premier trimestre de l’année précédente. «Uber a signé l’un des meilleurs trimestres de son histoire», analyse Fabernovel.
Amazon, quand à lui, avait intégré toute la chaîne de son activité en développant les infrastructures et la logistique afin de maîtriser les coûts. Mais «ce modèle intégré lui impose également d’assumer les impacts négatifs (inflation, augmentation du prix de l’énergie et du transport, baisse du pouvoir d’achat…)», pointe le cabinet.
Face à cette baisse de valorisation, «l’argent disponible dans la trésorerie des entreprises va faire la différence dans ce contexte de baisse des valorisations. Nous allons passer d’une stratégie de croissance à tout prix à une stratégie d’efficacité opérationnelle. Les startups qui vont reporter leur entrée en bourse cette année devront se concentrer sur leur profitabilité, lever des fonds ou se faire racheter, souvent à des valeurs dépréciées», note Pierre Gonnet, co-auteur de cette étude.
Mais en Europe, la relève des taux d'intérêts de la BCE pour lutter contre l'inflation, - et surtout la perspective d'une nouvelle hausse à la rentrée - pourrait compliquer davantage la donne. Déjà dans les fonds d'investissements, on annonce que les levées de fonds à venir seront touchées, annulées ou retardées, et il se murmure que les prochains mois pourraient être compliqués pour certaines jeunes pousses. Et c'est toute la résilience du secteur qui sera mise à rude épreuve.