Avec le lancement de SearchGPT, OpenAI met en émoi tout le monde du SEO. Mais en réalité, l’éclatement des usages de la recherche en ligne a déjà commencé.
La bataille promet d’être rude. Face à l’essor de l’IA et au morcellement des usages, la recherche en ligne se fragmente. Pour le moment, seuls les pions se mettent en place. Perplexity, le moteur de recherche par « prompt » sur une intelligence artificielle, a annoncé une nouvelle levée de 500 millions de dollars. Il a dépassé les 250 millions de requêtes mensuelles cet été. Google, de son côté, a lancé son système Overview partout dans le monde (sauf en Europe) et surtout, le 1er novembre, OpenAI a lancé son outil de recherche SearchGPT, qui permet de « parler » avec le moteur de recherche. « Pour le moment, les clients ne nous posent pas encore énormément de questions, et le marché ne semble pas plus stressé que cela. C'est nous qui prenons les devants », pointe Maxime Guernion, responsable des équipes SEO d’Havas Market. L’outil permet de rechercher en ligne par une commande écrite. Il analyse les pages web et en présente une synthèse « pertinente », tout en présentant les sources qui l’ont inspiré dans un volet dédié. Il intègre une « carte », pour les itinéraires, et peut présenter – bien que maladroitement – les horaires et localités des magasins des commerces de proximité, sorte de concurrent de Google My Business. « Derrière, c’est le moteur de Bing, le moteur de Microsoft », pointe le spécialiste. Le grand actionnaire d’OpenAI misait déjà, en 2022, sur ChatGPT et Copilot, inclus dans Bing, pour grappiller des parts au grand prince de la recherche. Mais deux ans plus tard, rien n’a changé et Google n’a pas perdu une miette de son aura.
Mais ce qu’il faut comprendre, c’est qu’entre SearchGPT, Perplexity et Google Overview, c’est toute l’interface de la recherche sur le web qui change, et notre approche. « Plus personne n’aura les mêmes résultats de recherche, ils seront aussi façonnés par la question », indique Marina Houdayer, directrice générale adjointe d’Havas Market. La bataille du référencement sera encore plus féroce pour les sites web, afin de figurer dans les « sources » des IA. « Mais c’est déjà le cas dans les faits, car aujourd’hui, le taux de clics tombe sous les 1% au-delà du cinquième lien proposé dans les réponses, argue Maxime Guernion. L’avantage, c’est qu’il est possible de voir si le robot d’OpenAI a consulté votre site pour former une réponse. » Les éditeurs pourront donc faire un suivi.
Si Overview propose déjà des publicités depuis début octobre, SearchGPT devrait s’y mettre prochainement. Du côté de Perplexity, le Search Engine Advertising (SEA) est attendu pour la fin de l’année. Le lancement de SearchGPT a lancé un pavé dans la mare du SEO. « Google va-t-il mourir ? », s’amusaient ou s’inquiétaient les éditorialistes. « Google reste la plateforme incontestée pour le moment, et a beaucoup de moyens pour répondre », estime Maxime Guernion. « La bataille se situe sur l’usage, et a déjà commencé depuis longtemps. On assiste à un éclatement du search en ligne. Surtout chez les jeunes générations qui n’ont plus du tout le réflexe Google », estime Marina Houdayer. Les produits sur Amazon (ou les sites de retailer), les restaurants sur Instagram, les magasins sur TikTok (qui accélère énormément sur le search). Et sûrement dans l’avenir, des requêtes simples énoncés par mots-clés, et des requêtes plus complexes demandées aux modèles de langages. Mais qui dit éclatement des usages, dit éclatement des budgets...