LinkedIn accélère sur la vidéo avec le lancement d’un onglet dédié depuis août. Stratégies a pu interroger en exclusivité Gyanda Sachdeva, vice-présidente du Product Management de la plateforme, pour revenir sur cette démarche.
Vous venez de lancer un onglet vidéo sur LinkedIn en France. Pourquoi mettre ainsi en avant et « à part » le format vidéo ? N’avez-vous pas peur de perdre en engagement avec d’autres types de contenus ?
Gyanda Sachdeva. La vidéo devient l’un des formats les plus plébiscités par nos membres, afin d’apprendre d’autres professionnels et d’experts. Nous avons donc investi dans une expérience vidéo interactive, basée sur le « swipe », pour aider les membres à naviguer à travers des vidéos courtes. Le but est de les accompagner à continuer d’acquérir des connaissances et les aider à évoluer dans leur carrière. Nous étudions encore plusieurs moyens d’aider nos membres à découvrir des vidéos pertinentes. Outre l’onglet vidéo, nous les présentons également dans le fil d’actualité et avons ajouté un « menu déroulant » de vidéos, afin que les membres puissent en dénicher lorsqu’ils font défiler d’autres contenus.
Avez-vous des chiffres spécifiques à donner sur la consommation de vidéos sur LinkedIn avant l’onglet et après avoir testé l’onglet dédié ?
La France compte plus de 30 millions de membres et ils sont parmi les professionnels les plus engagés sur notre plateforme. L’onglet a été lancé en août 2024. Nous n’avons pas encore de retours à partager. Mais la vidéo reste le format le plus engageant dans notre fil d’actualité et c’est celui qui enregistre la croissance la plus rapide en matière de consommation et de partage de contenu par les professionnels. En France, nous avons observé une augmentation de 40% des téléchargements de vidéos sur un an, et l’engagement autour des vidéos a également progressé de 32%. Et nous n’en sommes encore qu’aux débuts… Les Français révèlent un fort appétit pour ce format, avec beaucoup d’engagement. Il aide à soutenir les objectifs de carrière et, pour les membres c’est l’occasion de développer leurs softs skills.
Avez-vous des conseils pour les vidéos qui fonctionnent ?
Nous observons que les vidéos de 2 minutes ou moins sont les plus performantes. Ce que je recommande, c’est de réfléchir à une idée maîtresse ou à une accroche forte, dès les premières secondes.
Prévoyez-vous d’offrir des fonctionnalités spécifiques (filtres, autocollants, liens…) ? Ou des formats publicitaires dédiés ?
Oui, nous envisageons d’ajouter des fonctionnalités d’édition supplémentaires dans les mois à venir afin de proposer l’expérience la plus engageante possible. Quant aux formats publicitaires dédiés, nous évaluerons ce qui nous permet d’offrir à la fois la meilleure expérience pour nos membres mais aussi pour nos clients.
Monétisez-vous déjà les vidéos ?
Non, nous nous concentrons aujourd’hui sur la création de la meilleure expérience vidéo possible, avec du contenu de haute qualité. Mais une chose à laquelle nous pensons. Nous venons de commencer à tester une nouvelle initiative qui permet de promouvoir des annonces vidéo in-stream, avec des contenus d’éditeurs de confiance directement dans leurs vidéos.
En 2020, vous avez lancé LinkedIn Stories que vous avez ensuite arrêté. Cet onglet en est-il l’écho ?
Les formats vidéo sont disponibles sur LinkedIn depuis 2017. L’enseignement que nous avons tiré des LinkedIn Stories, c’est que même si nos membres apprécient le format vidéo court, le caractère éphémère n’était pas nécessaire pour le partage des connaissances dans le milieu professionnel. Car nos membres souhaitaient pouvoir regarder des vidéos au-delà d’une simple durée de 24 heures. Le contenu a une durée de vie plus longue.
N’êtes-vous pas préoccupé par la prépondérance des formats courts, qui se multiplie d’ailleurs sur toutes les plateformes, et par une « diminution » progressive de l’attention portée aux formats longs par les audiences ?
Nos membres s’engagent avec différents types de contenu sur LinkedIn, en fonction de leur style d’apprentissage et du sujet en question. La vidéo est un moyen incroyable et authentique de partager rapidement des idées, des résumés, des points à retenir et pour faire vivre des histoires du point de vue des coulisses. D’autres formats peuvent être mieux adaptés, pour aller plus en profondeur dans certains sujets professionnels. Par exemple, plus de 115 millions de professionnels sont abonnés à des newsletters sur LinkedIn, et reçoivent régulièrement des analyses et des décryptages. Nous proposons également plus de 22 000 cours de longue durée avec LinkedIn Learning, dont plus de 2 350 dispensés directement en français.
On parle souvent d’une « Facebookisation » de Linkedin, c’est-à-dire une dérive du contenu « professionnel » qui glisse vers du contenu plus « personnel ». Vous l’observez également ? Si oui, ne craignez-vous pas que la vidéo accélère ce mouvement ?
Nous écoutons nos membres, et ils nous disent qu’ils souhaitent voir davantage de contenus provenant de leurs relations et avoir accès à des contenus pertinents pour les aider dans leur carrière. Nous utilisons l’IA pour personnaliser le fil d’actualité. Elle prend en compte vos préférences, vos centres d’intérêt, et nous sélectionnons les contenus susceptibles de vous intéresser. La vidéo nous permet de diffuser une large gamme de contenus, reflétant la diversité de l’univers professionnel, qui va de l’humour en entreprise aux conseils de carrière.
Plusieurs associations avertissent que la consommation de vidéos est plus énergivore que le contenu écrit. Avez-vous vos propres chiffres à ce sujet ? N’avez-vous pas peur d’augmenter votre bilan carbone, et donc le réchauffement climatique ?
Chez LinkedIn, nous sommes très attentifs à l’impact environnemental du contenu numérique, y compris celui des vidéos. Bien que nous ne disposions pas encore de chiffres précis à partager, nous nous engageons à optimiser nos contenus vidéo afin de les rendre aussi économes en énergie que possible.
