Dans l’attente des résultats des géants de la tech, les analystes anticipent de grosses croissances pour les éditeurs d’intelligence artificielle, sauf pour Apple…

Les résultats des géants du secteur technologique, publiés ces deux prochaines semaines, vont être scrutés au prisme de l’intelligence artificielle (IA), des investissements majeurs qu’elle nécessite et de ses revenus potentiels. Les analystes de Wedbush Securities s’attendent à ce que « la croissance et les bénéfices s’accélèrent avec la révolution IA et la vague de transformation » qu’elle provoque.

Le marché prévoit ainsi une croissance des revenus à deux chiffres pour tous les poids lourds cotés de l’IA, ce qui contraste avec Apple (+ 3 % attendus seulement), arrivé en retard au bal de l’intelligence artificielle générative (logiciels comme ChatGPT). La firme à la pomme, qui publiera le 1er août, n’a présenté que le mois dernier son nouveau système appuyé sur cette technologie, Apple Intelligence.

Analyste de CFRA, Angelo Zino prévient que l’impact de ces nouvelles fonctionnalités ne se fera pas sentir avant le lancement de l’iPhone 16, en septembre, le premier à disposer du nouveau système pour toute la gamme. Mais il s’attend à ce que les comptes du deuxième trimestre (le troisième de son exercice décalé) montrent une amélioration des ventes en Chine, point noir depuis l’an dernier. « Les prévisions (du groupe pour le trimestre en cours) seront importantes », souligne Angelo Zino, pour juger de la dynamique actuelle de l’entreprise.

Meta fait peur

Parmi les mastodontes de la tech, « s’il y en a un qui nous préoccupe un peu plus, c’est Meta » (31 juillet), dit-il. Il rappelle que le groupe de Mark Zuckerberg a relevé en avril dernier ses projections d’investissements, consacrant quelques milliards de plus aux puces, serveurs et centres de données nécessaires au développement de l’IA générative.

Or, CFRA s’attend à voir la croissance de Meta décélérer d’ici la fin de l’année, ce qui, conjugué à la hausse prévue des dépenses, devrait mettre le bénéfice sous pression.

Le « cloud » roi

Pour les ogres du « cloud » (informatique à distance), Microsoft (30 juillet) et Amazon (1er août), « nous nous attendons à ce qu’ils continuent à publier de très bons résultats, conformes ou meilleurs que les attentes » du marché, dit Angelo Zino. Microsoft est l’un des mieux positionnés sur le front de la monétisation de l’IA générative. C’est un enjeu « crucial » pour le groupe, rappelle Jeremy Goldman, d’Emarketer, « mais le marché est prêt à leur accorder un peu de temps ».

« Cela va être difficile de rester sur le même rythme de croissance du cloud que lors des derniers trimestres, […] mais les synergies entre cloud et IA (qui a besoin d’une grande puissance de calcul) lui assureront probablement une croissance pendant un certain temps », ajoute l’analyste.

Google inquiète

Côté Amazon, « les investisseurs attendent la confirmation que la réaccélération d’AWS (la filiale dédiée au cloud) au premier trimestre n’était pas sans lendemain », détaille Matt Britzman, d’Hargreaves Lansdown. Amazon Web Services « est en tête pour tout ce qui concerne les données (leur stockage et leur accessibilité à distance), il devrait donc être bien placé pour capter un gros morceau de la vague IA qui arrive », selon l’analyste.

Le tableau « pourrait être un peu moins clair » pour Alphabet (Google), premier à publier, mardi, « du fait de son activité de recherche » en ligne, prévient Angelo Zino. « Le scepticisme autour d’AI Overviews », présenté mi-mai par Google, « est clairement justifié », reconnaît Evelyn Mitchell-Wolff, analyste d’Emarketer.

Cette nouvelle fonctionnalité, qui propose un texte rédigé en tête des résultats lors d’une recherche sur Google, devant les traditionnels liens vers des sites, a connu des débuts difficiles. Des internautes ont rapidement signalé des réponses étranges, voire potentiellement dangereuses, proposées par Overviews.

Selon des données de la société BrightEdge, relayées par le site Search Engine Land, le nombre de recherches présentant un résultat généré par AI Overviews a chuté ces dernières semaines. Au-delà, beaucoup s’inquiètent de l’évolution du modèle de Google post-Overviews. Les créateurs de contenu, en premier lieu les médias, redoutent un effondrement de leurs revenus. Mais, pour Evelyn Mitchell-Wolff, « tant que Google restera le moteur de recherche par défaut pour les smartphones et les principaux navigateurs, […] il restera la destination privilégiée pour les dépenses publicitaires ».