François Bitouzet, directeur général de Viva Tech, partage son parcours menant à la direction de l’événement, soulignant l’importance de l’innovation et de la communication dans sa carrière. L’occasion de dresser le bilan de la huitième édition qui s’est tenue en mai.
Qu’est-ce qui vous a conduit à prendre la direction générale de Viva Tech ?
J’ai été nommé en juillet 2022 mais en réalité, j’avais déjà travaillé sur Viva Technology de 2018 à 2022 puisque Publicis Live - dont j’étais alors directeur général - est l’agence qui assure la production exécutive de l’événement. Mais je connaissais également Viva Tech en tant qu’annonceur, puisque de 2013 à 2018 j’étais directeur de la communication de la marque Voyage SNCF qui est partenaire depuis la création de l’événement en 2016. J’ai donc eu toutes les casquettes autour de ce rendez-vous. C’est donc de manière logique et naturelle que j’ai fini par rejoindre l’équipe de Viva Tech.
En quoi ce poste s’inscrit-il dans la continuité de votre carrière professionnelle ?
Rejoindre Viva Tech fait énormément de sens pour moi, même si je n’aurais jamais imaginé, au cours de mon parcours, que j’allais atterrir ici. Mon parcours peut sembler un peu erratique, mais chaque expérience prend aujourd’hui tout son sens. J’ai beaucoup travaillé dans l’événementiel, notamment lors du World Innovation Summit for Education au Qatar. J’ai également relancé Publicis Live en plaçant l’événementiel au cœur du projet. L’innovation a toujours été un sujet crucial pour moi, notamment chez Voyages SNCF, un des fleurons français du digital et du e-commerce. Enfin, le fil rouge de ma carrière a toujours été les métiers de la communication, présents dans chacune de mes expériences professionnelles.
Quel est votre quotidien en tant que DG de Viva Tech ?
Cela surprend toujours, mais on travaille toute l’année sur l’événement et pas seulement trois jours en mai. Il faut se représenter qu’un tel rassemblement, c’est plus de 3 500 exposants, 500 speakers, des centaines de conférences à organiser. C’est une recherche et une veille quotidienne en termes d’innovation exclusive qui viennent du monde entier, avec 120 pays présents à Viva Tech. En tant que DG, je suis le pilote à la fois de l’entreprise, de l’événement et des équipes, avec qui je travaille à la fois sur la mise en œuvre, la stratégie, la vision à long terme, ainsi qu’avec tous les partenaires pour faire de chaque édition un rendez-vous unique. Ce projet offre tellement d’opportunités et de perspectives que son développement est une véritable aventure.
Quel bilan tirez-vous de l’édition 2024 ?
C’était une très belle édition et tous les retours sont positifs. Nous avons enregistré une affluence record avec plus de 165 000 visiteurs, soit une augmentation de 10 % par rapport à l’année précédente, et accueilli plus de 13 500 start-up, enregistrant une augmentation de 20 %, avec des entreprises de plus de 25 secteurs d’activité. L’événement a catalysé le débat sur l’IA à l’échelle mondiale, touchant plus de 2 milliards de personnes sur les réseaux sociaux, soit deux fois plus qu’en 2023. Enfin, comme chaque année, VivaTech a été le lieu de révélation de nombreuses exclusivités et innovations technologiques. Il est également important de souligner que les femmes ont été mises à l’honneur, avec plus de 40 % d’entre elles prenant la parole sur les scènes de VivaTech.
L’audace et l’authenticité d’Elon Musk
« La présence d’Elon Musk m’a particulièrement touché. L’année dernière, il était venu en personne, et malgré un agenda chargé cette fois-ci, il a tenu à être présent en visioconférence. L’année précédente, il avait particulièrement apprécié les échanges directs avec le public, ce qui est rare pour lui. Cette année, il a décidé de consacrer une heure entière aux questions de la salle, sans préparation préalable, sans filtres. Face à 3 800 personnes sous le dôme de Paris, il a partagé des réflexions intimes. Il a abordé les défis de l’intelligence artificielle, soulignant la nécessité de l’honnêteté dans son développement. Il a évoqué un avenir où l’IA générative pourrait rendre obsolètes tous les emplois traditionnels et a partagé les ambitions de sa start-up xAi. C’était très audacieux de sa part. On peut aimer ou ne pas aimer le personnage, mais c’était tout de même un moment remarquablement humain pour une personnalité de son envergure. Le fait qu’il ait pris le temps de répondre aux questions du public de manière spontanée et ouverte a rendu cette session particulièrement mémorable. Il a su captiver l’audience, offrant un rare aperçu de ses pensées et de sa vision pour l’avenir. »
Des échanges mémorables sur l’avenir de l’énergie
« J’ai également adoré l’interview croisée entre John Kerry, ancien secrétaire d’État des États-Unis et envoyé présidentiel spécial pour le climat sous la présidence de Joe Biden, et Patrick Pouyanné, directeur général de Total Energies, sur la transformation et la décarbonation de l’énergie. C’était passionnant et représente pour moi la quintessence de Viva Technology : une plateforme ouverte où tout le monde a le droit de s’exprimer et de débattre. Les discussions doivent se dérouler à un haut niveau pour être à la fois excitantes et honnêtes pour les intervenants, et captivantes pour le public. Viva Tech est intransigeant sur le fond et nous créons des conditions optimales pour en faire un moment inoubliable. Cette interview a parfaitement illustré cet état d’esprit, avec des échanges francs et directs sur des sujets cruciaux pour l’avenir de notre planète. Voir des figures aussi importantes débattre ouvertement a été non seulement enrichissant mais aussi inspirant. Cela montre que Viva Tech est un lieu où des conversations significatives peuvent avoir lieu, poussant les limites de l’innovation et du progrès. »
Quand la tech est synonyme d’espoir
« Un moment beaucoup plus personnel et émotionnel a été la démonstration d’une innovation par des ingénieurs allemands : le fauteuil roulant électrique Scewo BRO. Ce fauteuil révolutionnaire, capable de monter et descendre les escaliers grâce à des courroies robotisées, offre un nouvel espoir pour les personnes à mobilité réduite. Pendant les démonstrations, une femme a quitté son fauteuil pour essayer le Scewo. Elle a pu monter des escaliers pour la première fois en 20 ans, et son émotion était palpable. Cet événement a illustré le pouvoir de la technologie de transformer des vies, posant la question de son utilisation pour le bien-être individuel et sociétal. »