Google et Microsoft ont fini l’année 2023 avec des revenus et bénéfices supérieurs aux attentes, grâce notamment à leurs investissements massifs dans l’intelligence artificielle.
Alphabet a réalisé plus de 86 milliards de dollars de chiffre d’afffaires au quatrième trimestre 2023, en hausse de 13 % sur un an. Le numéro un mondial de la publicité en ligne en a dégagé 20,7 milliards de bénéfice net (+52 %) d’après son communiqué de résultats trimestriels publié le 30 janvier. Sundar Pichai, le patron du groupe californien, s’est dit « satisfait de la vigueur continue de la recherche en ligne et de la contribution croissante de YouTube et du cloud », assurant dans le communiqué que ses deux plateformes « bénéficient déjà de nos investissements et de nos innovations en matière d’IA ».
Microsoft a aussi attribué ses performances à cette technologie qui fascine le monde entier depuis l’irruption de l’IA générative il y a un an. Son chiffre d’affaires est ressorti à 62 milliards de dollars pour la période allant d’octobre à décembre (+18 %), pour des profits de près de 22 milliards de dollars, en augmentation d’un tiers sur un an. Son activité de cloud s’est particulièrement distinguée avec 20 % de croissance sur un an. Elle pèse près de 42 % des revenus de l’entreprise. « On est passé de la période où l’on parlait de l’IA à celle où elle est désormais opérationnelle à grande échelle », a commenté le PDG Satya Nadella, cité dans le communiqué.
Nouveaux licenciements
Après une année marquée par des plans sociaux d’envergure, l’inflation, un procès antitrust historique pour Google et une concurrence intense dans l’IA générative, les deux groupes informatiques démarrent 2024 en meilleure posture, même s’ils ont récemment annoncé de nouvelles suppressions de postes. Sundar Pichai a dit « avoir des décisions difficiles à prendre » pour dégager les moyens de réaliser des investissements importants, notamment dans l’intelligence artificielle, sans donner de chiffre total.
Chez Microsoft, quelques 1 900 personnes vont quitter la filiale de consoles Xbox et l’éditeur de jeux Activision Blizzard, racheté l’année dernière, soit environ 9 % des 22 000 employés affectés aux jeux vidéo. Les deux groupes américains sont engagés dans une course effrénée au développement et au déploiement des programmes informatiques capables de produire textes, sons et images sur simple requête en langage courant.
Ils font partie des très rares sociétés disposant, en propre, des capacités de calcul et de stockage nécessaires pour faire tourner les modèles d’IA générative. Grâce à ses investissements majeurs dans OpenAI, le créateur de ChatGPT, Microsoft avait pris une longueur d’avance, mais Google a défendu bec et ongles sa position toujours très largement dominante dans la recherche en ligne.
Lors d’une conférence téléphonique aux analystes, Sundar Pichai a indiqué que le nouveau modèle d’IA de Google, Gemini, permet déjà de réduire le temps d’attente des résultats de 40 % (en anglais et aux Etats-Unis). « Grâce à l’IA générative, nous sommes en mesure de répondre à un éventail plus large de questions », a-t-il précisé. « Les utilisateurs le trouvent particulièrement utile pour les questions plus complexes telles que les comparaisons et les requêtes plus longues ».
Investisseurs déçus
Bing, le moteur de recherche de Microsoft, n’a pas vraiment gagné de terrain, mais le groupe de Redmond, qui contrôle près de la moitié du capital d’OpenAI, surfe quand même sur la vague de l’IA générative. Sa capitalisation boursière a dépassé récemment les 3 000 milliards de dollars à la Bourse de New York, détrônant Apple au premier rang mondial.
Mais l’engouement pour l’IA générative suscite aussi beaucoup d’inquiétudes sur ses possibles dérives. L’autorité américaine de la concurrence (FTC) vient de lancer une enquête sur les partenariats entre Microsoft et OpenAI, et ceux de Google et Amazon avec une start-up concurrente, Anthropic. Quant aux investisseurs, ils attendent des retours sur investissements encore plus importants.
Le titre d’Alphabet perdait plus de 5 % lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse mardi. « Les recettes publicitaires de Google ont atteint un taux de croissance à deux chiffres pour la première fois depuis le deuxième trimestre 2022, mais cela n’a pas été suffisant pour répondre aux attentes des analystes. Au cours du prochain trimestre, Google se tournera vers Gemini pour inverser la faiblesse perçue », a commenté Evelyn Mitchell-Wolf d’Insider Intelligence. YouTube a réalisé 9,2 milliards de dollars de revenus (+15,5 % sur un an) pendant la saison des fêtes, et les abonnements payants (streaming de musique et/ou vidéo) rapportent désormais 15 milliards de dollars par an à Google.