Le groupe Meta a commencé à chiffrer de bout en bout les conversations sur Messenger, la messagerie de Facebook. La mesure déplaît aux gouvernements pour des raisons judiciaires et de sécurité des enfants, notamment en matière de lutte contre la pédocriminalité.
Les utilisateurs de Messenger pouvaient déjà choisir l’option de cryptage (ou chiffrement) de leurs conversations et de leurs appels. La nouveauté est que la fonctionnalité est désormais mise en place par défaut sur Messenger, comme c’est déjà le cas sur WhatsApp, une autre application du groupe Meta. « Nous avons conçu notre chiffrement de bout en bout sur la base de principes cryptographiques solides, tels que le protocole Signal et notre propre protocole, Labyrinth », a fait savoir le groupe californien, mercredi 6 décembre, par voie de communiqué.
Ce cryptage va rendre les échanges privés sur Messenger « encore plus confidentiels et sécurisés », expose le géant des réseaux sociaux. « Cela signifie que personne, y compris Meta, ne peut voir ce qui est envoyé ou dit, à moins que vous ne choisissiez de nous signaler un message », poursuit le groupe américain. Ce déploiement annoncé depuis des années intervient alors que de nombreux gouvernements s'opposent au chiffrement sur les applications de Meta. En effet, les autorités souhaitent que la justice de leur pays puisse récupérer les e-mails, messages instantanés et photos échangées, essentiels dans le cadre d'enquêtes criminelles.
Criminalité en ligne
Mercredi 6 décembre, l'État américain du Nouveau-Mexique a porté plainte contre Meta, accusant ses plateformes de favoriser la pédocriminalité, des contenus pédopornographiques aux algorithmes de recommandation et aux sollicitations criminelles. En septembre, le gouvernement britannique a exhorté le groupe californien à ne pas passer au chiffrement sans mesures de sécurité permettant de protéger les enfants de toute exploitation sexuelle. Car le Home Office, le ministère de l’Intérieur britannique, craint que sa police ne soit empêchée de détecter les violences sur les enfants. Meta avait assuré qu'elle continuerait « à effectuer plus de signalements aux forces de l'ordre que nos pairs grâce à notre travail en pointe dans le secteur ».
En France, le gouvernement a demandé fin novembre aux cabinets ministériels de remplacer les messageries classiques, comme WhatsApp ou son concurrent Signal, par Olvid, une application inconnue du grand public qu'il considère comme plus sûre. Créée en 2019 par des experts français en cybersécurité, Olvid ne chiffre pas seulement les messages de bout en bout, mais aussi les métadonnées (qui parle à qui et à quel moment).