Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et l'homme d'affaires Elon Musk ont évoqué la modération des contenus sur X (anciennement Twitter), lors d'une conversation en direct sur le réseau social, lundi 18 septembre.
« J'espère que vous allez trouver la capacité de mettre fin à l'antisémitisme (sur X) ou de le faire reculer autant que possible », dans les limites de la liberté d'expression, a dit Benjamin Netanyahu au président de X, Elon Musk, lundi 18 septembre, lors d'une conversation en direct sur la plateforme sociale. Benjamin Netanyahu est en visite aux États-Unis à l'occasion de l'Assemblée générale de l'ONU cette semaine. « Je sais que vous êtes déterminé à lutter contre toute haine collective du peuple que l'antisémitisme vise, et j'espère que vous allez réussir. Ce n'est pas une tâche facile, mais je vous encourage à trouver un équilibre », a-t-il ajouté. Elon Musk a répondu qu'il ne pouvait pas empêcher la publication de tous les messages de haine sur X, qui compte désormais « 550 millions d'utilisateurs mensuels », d'après lui. En mai 2022, Twitter avait indiqué avoir environ 230 millions d'utilisateurs actifs au quotidien.
Elon Musk a récemment menacé de poursuites judiciaires l'ADL, qui lutte contre l'antisémitisme et le racisme. Il estime que cette ONG a fait fuir les annonceurs du réseau social avec des accusations, selon lui infondées, au sujet de la progression rapide des discours de haine sur le réseau social depuis qu'il l'a racheté en octobre 2022. Mais le dirigeant controversé a assuré qu'il était « contre toutes les attaques de tout groupe de personnes, quel que soit le groupe ». « Je suis en faveur de ce qui fait avancer la civilisation et qui nous permettra au final de devenir une civilisation spatiale, où nous comprenons la nature de l'univers. Nous ne pouvons pas y arriver s'il y a beaucoup de luttes intestines, de haine et de négativité », a-t-il détaillé.
Intelligence artificielle
Les deux hommes ont annoncé lundi matin sur X qu'ils allaient s'interviewer l'un l'autre. Pendant leurs échanges très amicaux, ils ont fait part à plusieurs reprises de leur respect mutuel. Elon Musk est « le chef de file actuel de l'innovation la plus spectaculaire du nouvel âge et peut-être de manière générale », a ainsi déclaré Benjamin Netanyahu. « Il est, dans une large mesure, en train d'ouvrir la voie qui va changer le visage de l'humanité et également le visage de l'Etat d'Israël », a-t-il encore affirmé, précisant qu'il voulait « le convaincre d'investir en Israël durant les années à venir ».
La conversation s'est ainsi principalement concentrée sur l'intelligence artificielle (IA), ses bénéfices potentiels et ses dangers pour la société. Benjamin Netanyahu a énuméré des avancées et promesses (sur l'espérance de vie, la médecine, les robots pour aider les personnes âgées, la fin des embouteillages sur terre et dans les airs, l'automatisation dans l'industrie et l'agriculture, « la fin des pénuries ») mais aussi de nombreux périls, notamment pour la démocratie, quand l'IA est utilisée à des fins néfastes ou si jamais « elle prenait le contrôle des humains ». « Je pense qu'à bien des égards, nous nous trouvons aujourd'hui à un tournant pour l'ensemble de l'humanité, où nous devons choisir entre une bénédiction et une malédiction », a-t-il dit à Elon Musk.
Arbitre
Elon Musk, qui a fondé sa propre entreprise d'IA cette année, a fait part de son optimisme sur la capacité des dirigeants internationaux à coopérer pour éviter des catastrophes liées à cette technologie. « Tout sport a un arbitre d'une sorte ou d'une autre », a-t-il lancé, appelant à éviter une course effrénée à l'IA comme celle aux armes nucléaires. Elon Musk est l'un des fondateurs de l'entreprise OpenAI (créatrice de ChatGPT) dont il a ensuite quitté le conseil d'administration. Il a également co-fondé Neuralink, une start-up qui conçoit des implants neuronaux, notamment dans le but d'arriver à une « symbiose avec l'intelligence artificielle (IA) », selon ses mots de 2020.
Le milliardaire lance régulièrement des avertissements sur les dangers de l'IA et s'est entretenu avec des leaders politiques, de Washington à Pékin, sur ce sujet. En mars, il figurait parmi les signataires d'une pétition mondiale visant à alerter sur les dangers de l'IA. Il a participé la semaine dernière à une série de réunions à huis clos au Congrès américain, aux côtés d'autres grands patrons de la tech comme Mark Zuckerberg de Meta, ou Sam Altman d'OpenAI, alors que les États-Unis travaillent sur de nouvelles lois pour mieux contrôler cette technologie. « Il y a un consensus fort en faveur d'une régulation de l'IA », a commenté mercredi dernier Elon Musk, après une réunion. « Même si la régulation n'est pas parfaite, (...) les conséquences d'un dérapage de l'IA seraient graves. »