L'argent s'est fait plus rare pour les start-up au premier semestre 2023, en France comme en Europe, avec des levées de fonds réduites de moitié par rapport aux records de 2022, indique un baromètre In Extenso-Essec-France Angels.
Le premier semestre 2022 avait vu des levées de fonds spectaculaires, comme Doctolib (500 millions d'euros), Qonto (486 millions) et Back Market (450 millions). Mais au au premier semestre 2023, au total, les levées de fonds ont totalisé 4,5 milliards d'euros en France (contre 8,9 milliards un an plus tôt), et 23,2 milliards en Europe (contre 44,7 milliards), avec 540 opérations en France et 3 582 en Europe, selon le baromètre In Extenso-Essec-France Angels, publié le 7 juillet.
Si le nombre d'opérations a légèrement augmenté (+14% en France et +23% en Europe), les montants ont dégringolé, reflétant une baisse générale des valorisations. Le ticket moyen en France était de 8,6 millions d'euros, contre 19 millions un an plus tôt. baromètre In Extenso-Essec-France Angels
Les méga-levées ont très nettement reculé, en raison notamment du désengagement de grands fonds américains. La France est restée n°2 des levées de fonds en Europe pendant le semestre, derrière le Royaume-uni (6,5 milliards) mais devant l'Allemagne (3,9 milliards).
Les investisseurs restants ciblent plutôt les entreprises en phase d'amorçage, des projets innovants, comme le quantique, et « à impact », en premier lieu l'énergie, secteur le plus attirant pour les fonds avec un milliard d'euros levés, et la santé, qui arrive en deuxième place, suivie des secteurs des logiciels et de la fintech.
Diminution des valorisations
En France, le deuxième trimestre n'a vu que quatre opérations de plus de 100 millions d'euros : DrivEco, solution de recharge de véhicules électriques (250 millions), Ynsect, spécialiste de l'élevage et de la transformation d'insectes (160 millions), TSE, producteur d'énergie solaire (130 millions) et Mistral AI, start-up d'intelligence artificielle générative (105 millions).
Les secteurs des cleantech et de l'« impact » (santé, environnement..) restent solides, soutenus par les aides publiques ou européennes. L'écosystème français pourra bénéficier de la mobilisation de 7 milliards d'euros de fonds privés dans le cadre du dispositif Tibi.
Les opérations ralentissent, avec des délais de 6 à 9 mois au lieu de 4 à 6 mois précédemment. Les valorisations diminuent, en particulier dans le secteur des logiciels comme service (Saas). Autre frein pour les investisseurs, de faibles perspectives de revente avec l'absence d'acquéreurs industriels, ainsi qu'un marché des introductions en Bourse fermé.
Ce contexte a entraîné des plans de départs volontaires et de licenciements dans les start-up, sur fond de fusions et acquisitions, tendance qui devrait se poursuivre au second semestre, après « deux années d'exubérance ».