La Californie a adopté un texte contraignant Facebook, Instagram et d'autres plateformes à payer les médias d'information en échange de leurs contenus. Le texte poursuit son parcours législatif.
L'assemblée de Californie a adopté un texte contraignant les grands réseaux sociaux à payer les médias d'information en échange du contenu partagé sur leurs plateformes, malgré la menace de Meta de se passer purement et simplement de ces articles, photos et vidéos.
Votée à une large majorité jeudi 1er juin, la proposition de loi, soumise par des élus démocrates et républicains et destinée à soutenir le journalisme local, est désormais examinée au Sénat de l'Etat. Intitulée « loi de préservation du journalisme en Californie », elle fixe plusieurs critères qui limitent son application à un petit nombre de plateformes puissantes, parmi lesquelles Facebook et Instagram. Elle prévoit un dispositif d'arbitrage qui définirait un pourcentage des revenus publicitaires générés par le réseau social à reverser aux producteurs de contenu journalistique en ligne.
Si le texte est promulgué, « nous serons forcés de retirer les informations de Facebook et Instagram plutôt que d'alimenter une caisse noire qui bénéficierait surtout à des grands médias basés hors de l'Etat (de Californie) sous couvert d'aider les éditeurs de presse californiens », a prévenu, sur Twitter, Andy Stone, porte-parole de Meta. Il a également fait valoir que les éditeurs mettaient d'eux-mêmes en ligne leurs articles et vidéos sur les réseaux sociaux, et souligné que la consolidation des médias en Californie s'était faite avant l'émergence de Facebook.
Rémunérer les contenus d'information
En 2021, Facebook avait brièvement bloqué les articles de presse sur son site en Australie après le passage d'une loi similaire, avant que la filiale de Meta et Google n'acceptent de passer des accords avec les éditeurs de presse et de les rémunérer.
Un texte équivalent est en cours d'examen au Parlement canadien. Là encore, Meta a menacé d'écarter tous les liens vers du contenu journalistique si la loi était adoptée. En France, un accord a été conclu en 2022 entre Google, éditeurs et agences de presse pour permettre que les contenus d'information s'affichant dans les résultats du célèbre moteur de recherche et sur d'autres services fassent l'objet d'une rémunération.
Le texte examiné en Californie prévoit qu'au moins 70% des revenus perçus par les éditeurs soient consacrés aux rédactions. La menace de Meta est « anti-démocratique et indigne », ont réagi, dans un communiqué, l'association américaine des éditeurs de presse, la News/Media Alliance, ainsi que ses équivalents pour les éditeurs californiens.