[Tribune] 2022 fut l’année des montagnes russes, et 2023 pourrait bien lui ressembler… De Twitter au métavers, en passant par les valeurs technologiques chinoises, voici les tendances qui se profilent dans le monde de la Big Tech.
- Twitter, la vaguelette. Il est évident que nous avons passé trop de temps à commenter les premières semaines calamiteuses d’Elon Musk dans sa gestion de Twitter. Mais qui pouvait prévoir ce rachat quand la question était de savoir si Parag Agrawal, l’ancien CEO, serait capable de repousser les actionnaires « activistes » et de défendre l'indépendance de Twitter ? Les rumeurs initiales évoquaient Salesforce mais c’est Elon Musk qui a remporté la mise, entraînant le chaos en deux mois de règne. On peut prévoir cependant une stabilisation en 2023, prédiction presque évidente après le chaos récent.
- L’Europe qui façonne la technologie. En 2022, l’Europe a poursuivi le renforcement de son rôle de régulateur des affaires de la Big Tech mondiale. L’importante loi sur les marchés numériques est entrée en vigueur en novembre ; celle sur les services numériques a été approuvée en juillet et les premiers effets se feront sentir rapidement. Apple serait sur le point d’autoriser l'utilisation d’App Stores alternatifs sur ses appareils, une mesure qui se produira sous la contrainte de l’Union européenne. Les iPhones remplaceront leur port Lightning par des ports USB-C d'ici 2024 parce que le Parlement européen l'a décidé. Le leadership européen risque de se poursuivre en 2023 dans ce domaine, avec les États-Unis statiques sur le sujet.
- La Chine fait dérailler sa propre Big Tech. Les valeurs technologiques chinoises comme Meituan, Pinduoduo, Tencent, Alibaba ou JD.com sous-performent en Bourse. Leurs actions sont souvent inférieures de moitié à leurs équivalentes américaines. On a beaucoup entendu qu’elles allaient « laminer » leurs homologues américaines. C’était sans compter avec un élément important : la Chine est un régime autoritaire. L’incertitude politique qui y règne n’aidera pas ses entreprises dans leur développement : elles évolueront en 2023 au gré des caprices du régime !
- Le métavers comme une grande distraction. Il était acquis que le métavers était un monde en construction. En réalité, il est un monde en devenir : le lancement du casque d’Apple est reporté, normalement, à cette année et les débuts du Quest Pro de Meta ont reçu un accueil plutôt décevant. Il existe toujours beaucoup de talents et de moyens financiers investis dans la réalité augmentée et la réalité virtuelle, mais ils vont ralentir en 2023 et les licenciements massifs dans la tech n’aideront pas. Meta peut continuer à « brûler » un milliard de dollars par mois mais la ligne d’arrivée est encore loin.
- La crypto ou la chute d’un empire en carton. Nous pouvions imaginer un affrontement entre les pros et les antis de la crypto. Mais le match n’a pas eu lieu car elle a connu tous les déboires possibles en 2022 : les ventes de NFT se sont effondrées, TerraUSD s'est écroulé, une série d'anéantissements connexes ont abouti au plus grand de tous les chants du cygne avec la chute de FTX. Pour beaucoup, il ne faut pas s'inquiéter, « la vraie crypto » n'aurait encore jamais été testée. Mais 2022 est l'année où tous ces gens ont perdu le bénéfice du doute.
- Tout est reparti comme avant sauf le cinéma. On s’est beaucoup interrogé sur le monde post-pandémie ; tout est reparti de plus belle à deux exceptions près : le télétravail et la désaffection des salles de cinéma. Nous disposons d’une offre de services à domicile faisant concurrence directe aux salles obscures dont l’expérience n’a pas évolué depuis longtemps. Voilà pour la demande mais que dire de l’offre ? La programmation dans les salles est-elle responsable ? Il semble que les confinements ont été bénéfiques pour la créativité des artistes musicaux contrairement aux studios de cinéma, qui deviendront rapidement des proies pour des acquéreurs mais plutôt en 2024, car 2023 sera frugal pour les acquisitions.