La dynamique autour du métavers reste d'actualité. Quelques exemples tirés de domaines très variés illustrent son formidable potentiel.
Que devient le métavers ? En 2021, il avait connu une première heure de gloire, alors qu’une série d’annonces spectaculaires – Facebook renommé Meta… – le faisaient connaître d’un très large public. Et ensuite ? L’attention des décideurs, des analyses, des citoyens… semble s’être largement reportée sur les IA génératives, ChatGPT en tête. Alors, le métavers, un simple feu de paille ? Pas si vite !
Comme l’explique très bien Philippe Cassoulat dans son ouvrage de référence (1), le métavers a trois atouts majeurs. Il est immersif : l’utilisateur est acteur de sa propre expérience et décide lui-même de ce qu’il va faire dans cet univers virtuel. Il est persistant : il s’y passe des choses, même quand l’utilisateur n’est pas présent. Enfin, le métavers est collaboratif : il nous met en mesure d’interagir avec d’autres personnes. Dès lors, comment ne pas s’étonner du succès que rencontrent les mondes immersifs auprès des plus jeunes ? Chaque jour, 80 millions d’utilisateurs au total se connectent, rien que sur Roblox et Fortnite !
Une « génération métavers » naît sous nos yeux et les marques l’ont bien compris ! Rien qu’en 2023, inspirées par le secteur du luxe, Celio, le parc Astérix, Caprice des Dieux, Oreo… se sont lancées dans l’aventure du métavers.
Et cette tendance ne va pas s’interrompre, tant les potentialités apparaissent infinies ! Quelques exemples : s’il ne peut malheureusement pas freiner le changement climatique, le métavers peut en atténuer les conséquences. Ainsi, gravement menacés par la montée des océans, les 12 000 habitants de l’archipel des Tuvalu, dans le Pacifique Sud, ont mis en place un clone numérique de leur micro-État, afin d’y recréer leurs paysages, leurs terres mais aussi leurs traditions.
Dans un tout autre domaine, le métavers peut être utilisé à l’amont de certains projets d’urbanisme et d’aménagement territorial, devenant ainsi un véritable outil au service des décideurs. De leur côté, les promoteurs immobiliers cherchent à exploiter le potentiel des nouveaux codes de la génération métavers : lors du dernier VivaTech, Bouygues Immobilier a montré comment ses commerciaux peuvent désormais emmener leurs prospects dans des visites virtuelles, « en multijoueur ». C’est tout le secteur de l’immobilier qui investit le métavers pour créer de nouvelles interactions avec les clients.
Tirés de domaines très variés, ces quelques exemples sont là pour illustrer le formidable potentiel du métavers. Les établissements financiers ne s’y trompent pas : JP Morgan pense que le métavers pourrait générer plus de 1000 milliards de revenus par an, soit deux fois le marché des smartphones. Un marché boosté par les investissements massifs des Gafam… avec à la clé, des métamorphoses pour de nombreux secteurs ! Que ce soit les architectes, les urbanistes, les IT managers ou encore les agents immobiliers… le métavers transforme plein de métiers, dans leur exercice au quotidien !
Des entrepreneurs optimistes mais lucides
La dynamique autour du métavers existe et les entrepreneurs sont prêts à la saisir ! L’Observatoire du métavers vient d’interroger une centaine d’entreprises françaises. Premier du genre en France, ce sondage incite à l’optimisme : 55 % des personnes interrogées déclarent que leur entreprise doit lancer un projet lié aux métavers sur le court ou moyen terme.
En outre, le métavers semble bien adapté à certains usages professionnels comme l’animation d’événements, mais aussi la formation, la notoriété de marque ou encore les métavers industriels. Par ailleurs, si la majorité pense que le marché des métavers sera en croissance dans les années à venir, les entrepreneurs restent lucides sur les obstacles : ils citent avant tout le manque de ressources qualifiées, juste avant les coûts et l’absence de visibilité claire sur le retour sur investissement.
Les deux tiers des entrepreneurs interrogés se tournent vers l’État, qui doit jouer un rôle moteur dans le financement et l’accompagnement des acteurs de la filière. Pour cela, le président de la République annonçait, lors son intervention à VivaTech en juin dernier, un investissement de 100 millions d’euros pour accélérer les projets. Alors, formons et accompagnons les acteurs qui sont sur le point de se lancer, pour que notre pays ne passe pas à côté de la réelle dynamique du métavers !