Le président de l'Udecam et PDG de Mediabrands France revient sur les grandes actualités de cet été.
Les incendies et les canicules en Europe ou la fin de l’insouciance climatique.
Cette prise de conscience arrive dans le concret, ne serait-ce qu’avec les incendies de forêt en Bretagne ou la fonte des glaciers en Savoie. La fin de l’insouciance appelle à l’acte. Quels seront les actes concrets ? Derrière les incendies et les canicules, se cachent le dérèglement climatique et la question de notre responsabilité individuelle. On n’est plus dans le constat d’experts. On est dans l’irruption de la question écologique dans le paysage concret de nos concitoyens. L’erreur est de se dire « On a déjà vu ça ». Pour la première fois, les Français se sont rendu compte que c’était un épisode exceptionnel, anormal. Il y aura un avant et un après l’été 2022. Le gouvernement fait ce qu’il peut pour réguler l’écosystème. L’anormalité est désormais entrée dans le quotidien. On peut craindre que cela ait des répercussions très dangereuses. L’été 2022 ne peut pas se répéter tous les ans. La réponse est collective et individuelle en même temps.
Lire aussi : Été meurtrier pour le climat
L’inflation qui dépasse les 6% en juillet et son incidence sur les médias et la communication.
C’est un nouveau paradigme qu’il faut traiter sous l’angle européen. La virulence des mouvement sociaux en Angleterre montre que cette problématique peut gagner la France. La hausse des prix est dans toutes les bouches, sur toutes les tables. Le gouvernement va dans le bon sens. L’inflation tend à être moins forte en France. Bruno Le Maire a donné une interview à Sud Ouest où il montre que 2022 a été marqué par ce dérèglement, mais que 2023 va être très compliquée. Différentes mesures ont été prises : chèque énergie, allocation de rentrée scolaire, hausse des pensions de retraite. Est-ce que cela aura un effet sur la grogne sociale ? La nationalisation d’EDF, qui n’est pas une mesure ultra-libérale, est intéressante. Mais il n’y a pas de solution miracle. Il faut accompagner concrètement les Français mais on ne peut juguler l’inflation au niveau mondial. Il faut espérer qu’on ait atteint un pic. La politique du carnet de chèques est un peu critiquée mais c’est la revalorisation des aides et des subventions qui a permis aux Français de tenir le choc du covid. Pour les agences, on est tous vigilants pour nos talents. Si les rémunérations sont mises à mal, cela aura un impact. En télé, selon Magna, les recettes vont augmenter de 5% sur le premier semestre, avec un coût pour mille en hausse de 14%.
Lire aussi : Face à l’inflation, les Français traquent les promotions
La TVA pour financer l’audiovisuel public.
La télévision évolue. La publicité se digitalise avec la TV adressable et on constate une forte demande pour les services de streaming depuis la pandémie. Le plan TVA pour financer l’audiovisuel public prévoit 3,7 milliards d’euros, contre 3,8 milliards avec la redevance. Quel bénéfice ? D’abord, c’est logique car le téléviseur n’est plus le seul moyen de diffusion de l’audiovisuel. Ensuite, le gouvernement fait un choix politique de répartir autrement son financement. Cela va permettre de soutenir la production française. C’est un ajustement assez sain. Quant à la régie de France Télévisions, elle pourrait redevenir une vraie alternative dans l’hypothèse d’une fusion TF1-M6. Cela serait de nature à rassurer le législateur.
Lire aussi : Le Sénat vote la suppression de la redevance
TF1 et M6 qui proposent des régies séparées pour convaincre l’Autorité de la concurrence d’avaliser leur fusion.
Les agences ont reçu le 18 août une demande de l’Autorité pour donner leur avis avant le 25 août. En tant que président de l’Udecam, je me dois d’apporter une réponse concertée et l’on est dans l’entre-deux. Les agences ont différentes positions. Nous sommes pleinement mobilisés pour analyser les différentes options. Pour ma part, en tant que citoyen, je suis plutôt pour avoir un champion supplémentaire français dans un monde de plus en plus concentré entre les mains de groupes internationaux ou américains.
Lire aussi : TF1 et M6 prêts à garder des régies séparées après leur fusion
Le plan de réduction de 10% des dépenses de gaz et d’électricité présenté par le gouvernement pour les deux ans à venir.
C’est une problématique proche de l’inflation. On a des besoins d’adaptation depuis la guerre en Ukraine, avec une sobriété personnelle, des mesures concrètes à mettre en place. Ce sera le test de l’hiver. Les questions des stocks, des dépenses énergies et du nucléaire se superposent. On est sur un changement de civilisation, ce qui arrive souvent après de grandes crises mondiales. Comment gérer l’économie qu’on est en train d’inventer avec notamment le bitcoin ? On peut aussi se retrouver dans une situation explosive au niveau social. La cristallisation d’un mouvement de type Gilets jaunes n’est pas à exclure. Il faut proposer une vision à moyen et long terme pour réinventer la société. Les marques et le monde de la communication peuvent contribuer à apporter un regard nouveau.
Le Figaro et L’Équipe qui attaquent Apple pour son monopole sur la distribution des applications.
Il y a un vrai combat. Apple, qui a délibérément construit un monopole, crispe énormément le marché. Pour les éditeurs, c’est difficile de revenir en arrière compte tenu des données techniques et des contrats avec les développeurs. Il y a deux ans, Epic games avait demandé de suspendre les autorisations de paiement tiers pour les achats sur les applications Apple. Il avait obtenu gain de cause. Il me semble difficile qu’un acteur accapare le marché de la distribution des apps. Le DMA [Digital Markets Act] et le DSA [Digital Services Act] obligent à lâcher du lest mais ces grands acteurs sont prêts à payer des amendes plutôt qu’à régler le problème de fond. On est en train de fabriquer le monde de demain, avec une ère post-digitale, où on devra inventer une utilisation des technologies différentes. La réponse est éminemment politique.
Lire aussi : Le Figaro et L'Equipe portent plainte contre le monopole d'Apple
La tentative d’assassinat de Salman Rushdie.
J’avais neuf ans quand Les Versets sataniques sont sortis. Je croyais que c’était derrière nous. Mais ce sursis de 33 ans n’a été que temporaire. D’autres, comme son traducteur japonais, ont été assassinés. Il faut rappeler les fondamentaux de la liberté d’expression. Cinquante personnalités sont sous protection permanente en France. Cela nous concerne tous. Aucune idée ne peut être sanctionnée par la violence.