Une page se tourne pour l'agence et son CEO Jean-Luc Bravi, lequel va passer les rênes à Paul Ducré et Alexander Kalchev, et devenir chairman. Objectif avec ce duo «maison» : injecter du sang neuf tout en sanctuarisant la créativité.
Toutes les équipes capables de rester au plus haut niveau le savent. Il faut régulièrement injecter du sang neuf pour entretenir la culture de la gagne. Mais pas n’importe quel sang. Ce nécessaire renouvellement, Jean-Luc Bravi, CEO de DDB Paris, en est conscient. Raison pour laquelle le feutré et respecté dirigeant, aux manettes de l’agence parisienne depuis 2001, a choisi de passer la main. Pour lui succéder, un duo « maison » composé de Paul Ducré et Alexander Kalchev, nommés CEO, Jean-Luc Bravi prenant du recul en tant que chairman. Pourquoi maintenant ? « En réalité, cela fait plusieurs mois que j’y pense et leurs noms sont apparus comme une évidence », retrace-t-il, soulignant la « chance d’avoir pu choisir ses successeurs ». Un hommage appuyé à son employeur qui résume à lui seul ce qui fait la force du modèle DDB, au-delà de sa créativité reconnue : une forme d’élégance, loin de l’égo surdimensionné de certains créatifs.
« Il serait suicidaire de ne pas faire bouger l’agence, qui évolue dans un milieu très compétitif. Ce tandem va faire en sorte de maintenir ce niveau et de perpétuer l’état d’esprit qui existe chez DDB. Au-delà, il y a un momentum très important. Quand j’ai repris DDB, j’avais 40 ans et c’est à peu près l’âge des deux nouveaux CEO. C’est un bon âge par rapport à l’expérience et à la capacité à être en prise avec la société. Notre métier ne se résume pas à la création. Les relations avec les marques et les consommateurs comptent tout autant », poursuit Jean-Luc Bravi. Objectif, aux allures d’indémodable mantra : « figurer dans le top 3 des agences créatives françaises », pose-t-il. Pour maintenir ce rang enviable, la « prime à l’amour du maillot » évoquée par Jean-Luc Bravi fait figure de solide garantie. « Cela fait 20 ans que je suis chez DDB et 17 ans que je connais Alexander, qui est un ami dans la vie. On peut légitimement parler de moment opportun. Les bases et le cœur du collectif ne changeront pas même si ce binôme se veut le symbole d’un projet encore plus collectif », synthétise Paul Ducré, précédemment managing director. En ligne de mire : une « organisation horizontale » assortie d’un « comité de direction plus élargi » que dans sa mouture actuelle.
Et si la réputation de l’agence n’est plus à faire sur le sol français, en témoignent les gains récents d’Amazon Prime Video, Biogaran ou PMU, le profil international des deux dirigeants incite à voir toujours plus grand. « Il n’y a plus de frontières en termes de création. À ce titre, le Brexit a été une chance pour les agences françaises, qui sont plus regardées que par le passé et dont l’écriture publicitaire n’est pas la même que chez leurs concurrents anglais ou américains. Il n’y a pas de raison que Paris ne soit pas un hub créatif international du niveau de New York ou Amsterdam », plaide Alexander Kalchev, jusqu’alors chief creative officer. « Si l’agence est discrète, nos campagnes ne le sont pas et la volonté est de continuer à faire parler de DDB pour ses campagnes et donc ses clients », résume Paul Ducré. Un héritage à sanctuariser que ne renierait pas Bill Bernbach, cofondateur du réseau.
Chiffres clés
40 Nombre de clients.
362 Nombre de salariés de DDB Paris.
145 millions d’euros Chiffre d’affaires 2023 (+2,8% sur un an).