LE PALMARÈS DE LA RÉDACTION

Conscient de sa position au sein d’une des agences les plus influentes de France, Stéphane Gaubert ne se la joue pas pour autant loup solitaire. Le directeur de la création d’Havas Paris affiche une modestie reconnue par ses pairs, au bénéfice de l’agence qui profite d’une proposition créative plus travaillée et raisonnée.

Dans la publicité, l’humilité, ça ne court pas les rues. Chez un créatif, qui plus est. Pourtant, cet adjectif est celui qui siérait le mieux à Stéphane Gaubert, chief creative officer chez Havas Paris. À l’annonce de son élection au titre de créatif.ve de l’année par Stratégies, Stéphane Gaubert se souvient : « J’étais en train de cuisiner des brocolis pour ma fille. » De quoi ramener les pieds sur terre. « D’abord surpris, puis content, après je crois que je vous ai remercié », plaisante-t-il. « Je le dis avec beaucoup d’humilité car en face il y a Marco Venturelli, créatif au sein de la deuxième meilleure agence du monde, ça aurait été logique que ce soit lui. » Avec cette désignation, la reconstruction instaurée depuis plus d’un an au sein de Havas Paris est actée. Présent dans leurs locaux dès 2017, du temps où Human Seven existait encore, Stéphane Gaubert récupère les clés de la création de l'agence fin septembre 2022. « Dans son ADN, Havas Paris est plutôt corporate, très forte en influence, en event mais en pub c’est moyen bien. D’où mon challenge de la faire passer à une agence “plus plus” en création. » 

Pour l’accompagner dans cette transformation est nommée Séverine Autret, la garante du business. Derrière chaque grand créatif se cache un commercial ? « Nous sommes un team en un mot et en deux mots, nous partageons la même vision. En vingt ans de carrière, c’est la première fois que je suis aussi proche d’une commerciale, c’est un gage de réussite. Jamais un créatif seul n’a renversé de table ! » La preuve cette année, l’agence a remporté son premier Gold aux Cannes Lions avec l’opération « L’aéroport Anne de Gaulle ». Dans son entourage professionnel, toutes les personnes interrogées parlent de Stéphane Gaubert dans des termes laudatifs. Le principal concerné l’avoue sans bégayer, le regard des autres l’importe. « Au-delà des autres, c’est ton propre regard sur toi qui compte. Au final, on finira tous au même endroit avec une seule question en suspens : est-ce que j’ai fait quelque chose de bien, ai-je été une bonne personne ? »

Instinct publicitaire

Rien ne le prédestinait à un avenir publicitaire. Du haut de ses 25 ans, ce natif du Val-de-Marne se retrouve à la fac en Deug de sciences économiques. Ses parents avaient mis un peu d’argent de côté pour passer les concours d’écoles de commerce. Une fois celui de l’Inseec terminé, il atterrit par hasard devant les portes de Sup de Pub, en terre inconnue. Il s’interroge alors sur cette formation, sur la publicité, et décide d’utiliser ses derniers sous pour passer le concours qu’il réussira. Au moment de trouver son premier job, la même histoire se répète. « À l’époque, j’avais acheté le CB News pour son classement des DC avec Olivier Altmann en tête, du temps où il était chez BDDP & fils. J’ai foncé le voir. » Cette première expérience durera un an. Elle continue chez TBWA Paris, Leo Burnett, Fred & Farid jusqu’à l’arrivée dans le groupe Havas, d’abord chez Human Seven Paris puis Havas Paris. Et après la direction d’une des plus grosses agences, il se passe quoi ? « Avec Séverine, on se laisse trois ans pour vraiment transformer la boîte et l’amener au rang des trois meilleures agences créatives de Paris. Après on verra, c’est encore trop tôt pour le savoir. » Pour la première fois en vingt ans de carrière, Stéphane Gaubert souhaite renouer avec son instinct.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.

Lire aussi :