L’agence Razorfish et Green IT unissent leurs compétences pour lancer Razoscan, un outil permettant de mesurer et réduire avec fiabilité l’empreinte environnementale digitale des marques.
Le digital, future épine dans le pied des marques ? Alors que la pollution numérique serait déjà responsable de 2,5% des émissions de gaz à effet de serre en France selon l’Ademe, soit l’équivalent de la circulation de 13 millions de véhicules, cet enjeu longtemps occulté devient central. D’autant plus que les projections - usages croissants obligent - tablent sur une empreinte qui devrait doubler dans le monde à horizon 2035. C’est dans ce contexte alarmant que Razorfish France, agence digitale du groupe Publicis, et Green IT, communauté de spécialistes de la lowtech, unissent leurs compétences pour lancer un outil permettant de mesurer et réduire avec fiabilité l’empreinte environnementale digitale des marques. Nom de code : Razoscan.
Une sobriété qui fait peur
Articulé autour de l’indice EcoIndex développé en open source ces dernières années par Green IT, collectif rassemblant des spécialistes de la sobriété numérique ou de l’écoconception, Razoscan aura nécessité un an de travail. « En réalité, nous avons simplifié l’accès aux entreprises et répondu à un enjeu d’échelle avec des couches supplémentaires permettant d’aller plus vite et plus loin. Il s’agit d’un outil évolutif, qui sera enrichi au fur et à mesure afin d’autoriser l’évaluation de la performance environnementale d’une page, d’un site et in fine d’un écosystème digital complet », résume Charlotte Dollot, directrice générale de Razorfish France, évoquant une sobriété numérique qui peut « faire peur » aux marques. « C’est l’indice de référence en la matière et le seul qui soit fiable », ajoute-t-elle quant à un accord financièrement désintéressé pour Green IT. Dans ce cas, pourquoi s’allier à l’agence du groupe Publicis ? « D’une part, nous œuvrons en commun sur certains sujets depuis 2017. D’autre part, l’idée est de veiller à la juste utilisation de l’EcoIndex. Que cet outil continue à faire référence, notamment pour des marques majeures, et à grandir », répond son fondateur Frédéric Bordage, en écho à des enjeux d’image et de notoriété pour Green IT, confronté à des concurrents nettement moins rigoureux ou à l’usage malveillant de son outil par des agences digitales peu scrupuleuses.
Science-fiction bien réelle
« Ce sujet reste encore de la science-fiction pour beaucoup », constate-t-il néanmoins, pointant un « retard » des acteurs du marché vis-à-vis des contraintes réglementaires forcément amenées à voir le jour. Des expérimentations sectorielles pourraient ainsi débuter dès 2025. En d’autres termes, les marques auraient tout intérêt à se positionner. Mais c’est là que le bât blesse. Car si agir dès à présent permettra d’obtenir à terme un avantage concurrentiel, les entreprises peinent à se mobiliser au profit de causes jugées plus urgentes. « Il faut saluer à cet égard le courage de deux de nos clients, issus des secteurs de l’énergie et de la banque, avec qui nous travaillons sur le sujet », relève Charlotte Dollot, qui ne cache pas qu’une évangélisation d’envergure s’avère nécessaire pour convaincre. À problème d’intérêt public, offre d’intérêt public ?
Chiffres clés
2 grammes Poids moyen en équivalent CO2 d’une page web sur un site français.
300 Nombre de salariés de Razorfish France, agence présente à Paris et Nancy.
50% Part des parcours et sites que Razorfish se donne pour objectif d’éco-concevoir à horizon 2025.