L’agence digitale Addiction Agency, convaincue de pouvoir conjuguer créativité interne et attractivité externe, expérimente depuis peu la semaine de quatre jours.
C’est un pari rare dans un monde connu pour sa capacité à se plier en quatre pour le compte de ses clients. Depuis le mois d’avril, l’agence digitale Addiction Agency et ses 25 collaborateurs se sont lancés dans une expérimentation grandeur nature de six mois. À la clé, une organisation de travail articulée autour de la semaine de quatre jours : « Attention, on ne bascule pas en quatre cinquièmes. Il s’agit bien de réaliser l’équivalent d’une semaine de travail avec un jour de moins, d’où des horaires aménagés en ce sens et des journées forcément plus denses », prévient Olivier Martin-Dupray, cofondateur de l’agence qui accompagne Air France, L’Oréal, Roederer ou MSD.
« Tout est parti de la crise sanitaire et de ses conséquences, dont le télétravail que l’agence a – comme beaucoup d’acteurs – testé sous plusieurs formats avant d’opter pour un jour de télétravail hebdomadaire », rejoue Mathieu Galloux, cofondateur de l’agence née en 2008. Problème : les deux dirigeants constatent rapidement que le travail à distance n’est pas si bénéfique. De quoi explorer d’autres pistes, à débuter par la semaine de quatre jours. Un thème montant, notamment au Royaume-Uni où une expérimentation d’ampleur est actuellement menée. « On s’est posés beaucoup de questions mais c’est un choix collégial puisque celui-ci est issu d’une réflexion collaborative menée avec les salariés, sous la forme d’un groupe de travail incluant une personne issue de chacun des quatre pôles [stratégie, création, social et paid media, gestion de projet] », poursuit-il. « L’idée, avec le vendredi qui n’est pas travaillé, est de permettre aux salariés de bénéficier de week-ends de trois jours et d’un meilleur équilibre pro-perso », complète Olivier Martin-Dupray. D’autant qu’à écouter les cofondateurs, le principal réside surtout dans l’émulation régnant lors des quatre jours passés en commun à l’agence toutes les semaines. « Le maître mot est : on travaille ensemble. Probablement que le full remote peut convenir ailleurs mais, dans nos métiers, la créativité est clé et on constate que la dimension collective importe énormément », note Olivier Martin-Dupray. Qui va plus loin. « Le but est d’être attractif au sens large, que ce soit pour les salariés sur le plan du bien-être au travail et pour les clients en termes de créativité et de qualité du travail fourni », résume-t-il.
Règle et exceptions
Reste une question : la semaine de quatre jours étant embryonnaire en France, comment s’adapter à des clients ou des compétitions pour qui le vendredi est un jour comme un autre ? « Il peut y avoir des exceptions à la règle, notamment dans le cas de shootings ou de tournages programmés. De la même manière, une exception existe pour le pôle social media, assortie d’un système de rotation. Le métier nécessite de la veille et de la réactivité, sans omettre l’aspect community management. Mais le principal est surtout que ce système est flexible avec un cadre amené à évoluer en fonction des résultats de l’expérimentation », pointe Mathieu Galloux. Rendez-vous en septembre pour faire le bilan.
Chiffres clés
25. Nombre de collaborateurs.
3,5 millions d’euros. Chiffre d’affaires annuel.
2,2 millions d’euros. Marge brute annuelle.