Les agences de communication font preuve de créativité pour sensibiliser les Français à des problématiques de santé publique. Zoom sur cinq opérations originales de par leur canal d’expression. Un article également disponible en version audio.
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- Des NFT pour le don d’organe
Les dons d’organe restent insuffisants en France en raison d’un manque de communication sur le sujet au sein des familles, et ce, alors que plus de 20 000 patients sont en attente d’une greffe. Afin de libérer la parole sur ce sujet vital, la fédération d’associations France Adot, soutenue par Aésio Mutuelle, a confié à l’agence Addiction Agency la conception d’une activation digitale. Intitulée « Le premier NFT qui donne la vie », la campagne a été mise sur pied avec le concours de Galeon, une société spécialisée dans la blockchain, et médiatisée en octobre 2022 à l’occasion de la Journée mondiale du don d’organes. Cette activation a pour particularité d’apporter une solution concrète aux Français en offrant à chacun la possibilité d’« encapsuler » sa volonté au sujet de ses propres organes. Il suffit pour cela de se rendre sur le site Lepremiernftquidonnelavie.fr pour enregistrer sa volonté oralement. L’enregistrement est transformé en NFT et dispose donc d’un certificat d’authenticité unique et inviolable. Les utilisateurs sont ensuite incités à partager leur expérience avec leurs proches afin que leur choix, en cas de décès, soit respecté. Le NFT est révocable à tout moment.
- Des visiteurs surpris au musée
Pour l’association Valentin Haüy d’aide aux aveugles et malvoyants, l’agence de communication santé Les Darons a réalisé un événement immersif en partenariat avec le Musée d’Orsay à l'automne 2022. Intitulée « Dis-moi ce que tu vois », l’opération consistait à surprendre les visiteurs du musée en leur faisant expérimenter, à leur insu, une perte partielle de la vision lorsqu’ils contemplaient l’un des autoportraits de Vincent Van Gogh… ou plutôt sa copie digitale altérée. Par ce biais, les visiteurs ont pu se mettre dans la peau de personnes atteintes de DMLA, de rétinite pigmentaire, de rétinopathie diabétique ou encore de glaucome. Le but de l’opération ? Pousser les visiteurs à raisonner par eux-mêmes, grâce au ressort de l’empathie, pour en faire des alliés des handicaps de la vision. La vidéo de cette opération a été diffusée sur les réseaux sociaux de l’association. « Toucher le grand public implique d’utiliser des moyens nouveaux et impressionnants comme on a l’habitude d’en voir dans d’autres secteurs de la grande consommation », commente Alex Bruère, coprésident de l’agence Les Darons.
- Un défi santé sur Snapchat
« En s’appuyant sur des challenges, on peut faire bouger les ados plus subtilement que si l'on se contentait de leur répéter “Faites du sport !” à longueur de journée », assure Frédérick Lung, directeur de création à Romance. Pour Santé Publique France, l’agence a mis au point un dispositif de marketing social visant à augmenter l’activité physique des jeunes âgés de 11 à 14 ans. Le 24 octobre, elle a lancé sur Snapchat le compte @EnModeDéter, spécifiquement dédié aux adolescents sédentaires. Durant un mois, le compte a proposé quotidiennement des défis d’activité physique, avec l’entremise de quatre influenceurs qui l'ont chacun animé pendant une semaine. Cette activation était le deuxième volet d’une campagne ayant démarré en septembre par un film réalisé par Julie Navarro et destiné, cette fois, aux parents. Dans celui-ci, des adolescents oisifs étaient mis en scène et refusaient catégoriquement par des « non », des moues et des soupirs, les activités physiques proposées par leurs parents. Diffusé sur internet, à la télévision et au cinéma, le film avait pour but de montrer aux parents qu’ils n’étaient pas seuls à vivre ces situations et qu’ils ne devaient pas se décourager.
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- Le défi du ballon bleu sur Instagram
La société de technologies médicales Medtronic a développé une campagne internationale de sensibilisation au diabète de type 1. Afin d’illustrer le handicap invisible des diabétiques, à savoir celui de devoir jongler au quotidien avec leur taux de glycémie, le #BlueBalloonChallenge a été lancé sur Instagram en octobre 2021. Il s’agissait pour les utilisateurs de se prendre en photo avec un ballon de baudruche posé en équilibre. La campagne a été développée avec la Fédération française de diabétiques et l’Aide aux jeunes diabétiques pour fédérer la communauté de patients. Medtronic a confié à l’agence LJcom la mise en place d’un dispositif d’engagement et de médiatisation. « Nous avons choisi deux canaux de communication : le pure player Konbini avec une vidéo pédagogique pour toucher une large audience et une collaboration avec 11 créateurs de contenus diabétiques sur Instagram », relate Laurence Jacquillat, directrice générale de LJcom. En novembre 2022, l’agence a renouvelé l’opération, relayée cette fois par quinze influenceurs diabétiques et trois influenceurs santé et sport. Un partenariat événementiel et éditorial avec 20 Minutes a été organisé pour amplifier la visibilité de la campagne lors de la Journée mondiale du diabète. Au total, elle a touché près de 3 millions de personnes via ces différents canaux.
- Une BD contre le papillomavirus
« En France, 6 300 nouveaux cas de cancers sont induits par les papillomavirus, dont 25 % surviennent chez les hommes, ce que le grand public sait peu », alerte le professeur Gilbert Lenoir, vice-président de la Fondation ARC. Pour encourager la vaccination des adolescents contre le papillomavirus (HPV), la fondation a lancé début janvier sa campagne #RapportPapilloma sur Twitter, avec pour slogan : « On n’empêchera pas le HPV de papillonner. La seule solution, c’est se faire vacciner. » Menée en collaboration avec l’agence Havas Paris Social et Twitter France, cette opération de sensibilisation prend la forme d’un thread Twitter, soit une série de tweets. Il s’agit d’un format BD, chaque tweet présentant une vignette humoristique illustrée par Clémentine Latron, sous le regard du docteur Hélène Péré. Il s’agit d’un rapport scientifique fictif qui décline toutes les transmissions possibles du papillomavirus. Dans cette BD, deux chercheurs passent à la loupe les différentes interactions physiques et donnent aux ados les informations utiles pour leur permettre de mesurer les risques liés à leurs pratiques sexuelles.
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