Rose-Marie Tunier, l'anticrise

Qui dit sécurité, dit sujet explosif. À coup sûr si l’on se fie au quotidien de Rose-Marie Tunier, directrice de la communication de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), actuellement en première ligne alors que l’Europe fait face à des pénuries de médicaments à répétition. En poste depuis 2016, cette Bretonne d’origine, porte-parole de l’établissement public, le concède : « L’agence est très exposée avec des enjeux d’information au cœur du modèle. Mieux vaut avoir la santé pour faire ce métier », euphémise-t-elle quant aux responsabilités de l’ANSM dans le système français et européen ainsi que les multiples dossiers chauds à gérer. Le tout assorti d’une pression maximale à laquelle s’ajoutent les enjeux sanitaires, politiques et économiques inhérents. Cet environnement d’apparence hostile, Rose-Marie-Tunier s’y est immédiatement sentie à sa place. Pourtant, rien ne prédestinait cette personnalité réfléchie à embrasser le secteur de la santé et encore moins celui de la com’ de crise.

Les années McDonald’s

Après une enfance entre Rennes, Lorient et Saint-Malo, cette fille d’un dirigeant d’entreprise resté très actif tombe un peu par hasard dans le monde de la communication. « J’ai accompagné une amie à un concours auquel j’ai été reçue. Vingt-cinq ans après ces études, le métier me passionne toujours autant », s’enthousiasme celle qui se dit très attachée à ses racines. En 2000, Rose-Marie Tunier rallie Paris puis, quelques mois plus tard, Havas Paris comme consultante. Une fonction où elle est immédiatement propulsée dans le grand bain. « L’agence s’appelait Euro RSCG et était dirigée par Bernard Sananès. J’ai hérité du compte McDonald’s dans un contexte qui m’a marquée au fer rouge puisque l’entreprise était alors très décriée », retrace cette mère de deux enfants, en écho à des événements marquants comme le démontage du McDo de Millau époque José Bové ou la première participation de l’enseigne au Salon de l’agriculture.

Yin et yang

Formée à bonne école, Rose-Marie-Tunier complète ensuite sa partition en rejoignant Lowe Strateus, Edelman France puis Albera Conseil. En 2013, elle retrouve Havas Paris avec pour mission de piloter le compte Carrefour. Mais, trois ans plus tard, « l’ANSM entre dans ma vie », rejoue-t-elle quant à un choix qui ne doit rien au hasard. Car si le gendarme du médicament a ciblé son profil, il y a une raison : sa capacité à désamorcer les crises via une méthodologie éprouvée. « Quand un vent de panique souffle, elle rassure et fait le nécessaire sans stress inutile. Et lorsque les choses vont bien en apparence, elle sait anticiper les potentielles crises à venir », témoigne Antoine Sire, fréquenté en tant qu’associé chez Havas Paris. Le yin et le yang de l’anticrise ?