« Le changement notoire reste la démocratisation des moyens de production. Désormais il suffit d'un iPhone, d'un ordinateur, de courage, et de quelques copains et vous avez ce qu’on appelle une production. La révolution qu’a connue la musique à la fin des années 80 et 90 avec les home studio, le hip hop et la musique électro, l'image l'a connue 10-20 ans après. Est-ce que cela est mieux qu’avant ? Oui, d’un point de vue des possibles; plus de chances, plus de possibilités, moins de barrières à l’entrée, un marché plus démocratique. Dans les faits, c’est évidemment plus nuancé. Surproduction d’images communes, passage d’un marché de valeur à un marché du volume. On peut parfois avoir le sentiment que le “pratique” remplace le “talent”. Pour moi, produire c’est créer des conditions. Aujourd’hui la difficulté réside moins dans le fait de faire aboutir techniquement une production que d’aligner les intervenants autour d’une même énergie. En 2021, on est plus que jamais dans une démocratie participative. Probablement qu’il y a 30 ans, le rapport de force était différent. C’est la différence majeure de mon point de vue. Il demeure de nombreux invariants pour une société de production : sourcer et développer les meilleurs talents et réalisateurs, être créatif et agile pour développer les solutions de production adéquates, sécuriser la chaine de fabrication et de droits, participer à l’émergence des réalités sociales et culturelles contre les esprits conservateurs… Tout ceci n’a pas changé, et n’est pas prêt de changer. Et c’est tant mieux. »