Supplément event
Quand l’heure n’est pour le moment plus aux rassemblements d’importance, comment rester attractif et rentable face aux nouveaux enjeux d’un secteur en mutation ? Éléments de réponse.

C’est un palais des congrès Art déco entièrement rénové et modernisé qui a été inauguré le 8 juillet dernier à Versailles en présence de Bruno Le Maire. Il participera à l’ambition du territoire de retrouver sa place de leader dans le domaine des congrès et du tourisme d’affaires. « L’innovation dans l’interactivité a été un axe fort de développement. Nous plaçons l’humain au cœur de notre stratégie en privilégiant le service qui facilitera le parcours client et la performance économique », expose Jean-Paul O’Meny, directeur du lieu qui redémarre avec un taux d’occupation de 70 % de septembre à décembre 2021. Ces dernières années, les projets de construction ou de rénovation de sites de grande capacité ont continué à fleurir sur le territoire, forts de perspectives économiques pour le tissu local. Mais si la concurrence était déjà vive entre les villes, nul ne pouvait prévoir la crise et ses conséquences. Parmi elles, l’installation des événements hybrides qui devraient se pérenniser et la forte diminution des déplacements professionnels en France et depuis l’international. Quand on ajoute à cela les incertitudes liées à la pandémie qui rendent les entreprises prudentes, se posent quelques questions : comment les gestionnaires de sites de grande capacité peuvent-ils s’adapter à ce nouveau paysage ? Quelle est leur stratégie pour rester attractifs ?

Être au rendez-vous de la reprise

Beaucoup ont fait le choix de regarder vers l’avenir en continuant à investir et mettre en œuvre de nouveaux plans pour être au rendez-vous de la reprise. Car quelles que soient les difficultés, ils n’ont pas d’autre possibilité que de s’adapter aux nouveaux enjeux. À l’instar de Lille Grand Palais qui a initié un plan stratégique (2020-2025) pour répondre à la mutation du secteur. « Il comprend plusieurs axes, dont le lancement d’une formule hybride pour enrichir l’expérience utilisateur et la coproduction d’événements comme le festival Bière et Sport Unlimitech », indique Philippe Blond, son directeur général. De son côté, GL events, gestionnaire de plusieurs grands lieux sur le territoire, a poursuivi ses chantiers. « Nous avons tenu nos ­engagements et maîtrisé nos investissements pour redynamiser nos sites », assure Christophe Cizeron, directeur général de GL events Venues, qui a ouvert le MEETT (parc des expositions et centre de conventions) à Toulouse en septembre 2020, et réalisé des travaux d’agrandissement et/ou de rénovation sur d’autres espaces. Le groupe devrait également livrer à Reims une Arena en 2022 : « La crise nous a obligés à accélérer les transformations autour de deux tendances : le volet sociétal et ­environnemental et le renforcement du digital avec des offres de studio qui sont devenues un prérequis. » L’attractivité se joue aussi sur le volet innovation, afin d’apporter des solutions adaptées aux entreprises et à la prise de décision des donneurs d’ordre. « Nous devons innover sur le lancement de produits et de formats d’événements avec des jauges plus réduites. Le caractère différenciant sera un enjeu fort pour l’avenir, avec un point d’attention sur la sécurisation des clients », explique Christophe Cizeron. Innovation mais aussi création sont les maîtres mots de la stratégie de La Baule Événements, qui gère trois sites. « Nous sommes persuadés que La Baule fait partie des destinations en devenir. Nous pouvons répondre aux nouveaux usages de travail, ce qui est un facteur d’attractivité. Par ailleurs, nous avons renforcé la qualité de contenu du parcours participant pour faire que son expérience soit intellectuelle et touristique », détaille Corinne Denuet, sa directrice. Disneyland Paris mise également sur son identité. « Nous travaillons une offre qui met l’accent sur notre différence, celle de pouvoir transformer les événements professionnels en véritables expériences immersives, révèle Brigitte Elmkies-Sitbon, sa directrice ventes et marketing France, qui lance en cette rentrée des formules non résidentielles et de nouveaux formats de team building. Nous voulons aussi attirer une autre clientèle grâce à un parcours client simplifié avec une offre packagée. »

Trouver d’autres ressources

Mais face à ces nouveaux paradigmes, comment résoudre l’équation de la rentabilité ? « Nous devons chercher d’autres ressources, indique Karine Santamaria, directrice de Bordeaux Events (Congrès et Expositions de Bordeaux). Outre le renforcement de notre démarche commerciale, il nous faut être inventifs et créatifs à travers d’autres propositions. » Un constat partagé par Christophe Cizeron : « La baisse de la location de mètres carrés nous contraint à développer de nouveaux services et à instaurer un dialogue avec nos délégants pour trouver d’autres schémas économiques sur la gestion d’espaces où les coûts fixes sont lourds. Nous avons d’ores et déjà trouvé des accords pour partager les pertes et les risques. » Face à ces enjeux financiers, France Congrès et Événements travaille sur la définition de nouveaux modèles économiques via l’étude MICE 2025, développée en partenariat avec la Banque des territoires et Accor. Ses résultats seront présentés lors du 2e forum Innov & Tech – Penser et faire le futur des villes et des événements, qui se tiendra à Rennes et à Saint-Malo en octobre.

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