L'Actu vue par...
Gilles Masson, président d'Australie.GAD, commente pour Stratégies l'actualité de ces dernières semaines.

Le Festival et bientôt les 50 ans de Stratégies, fêtés le 8 octobre. 

50 ans, ça se fête ! Rester un titre de référence dans un secteur qui a subi autant de mutations, c’est un beau succès. J’en profite pour rendre hommage à Christian Blachas, fondateur de Stratégies. Christian était un journaliste visionnaire, il serait fier de voir son bébé qui a si bien grandi. Cette année de célébrations inédites est une excellente initiative. Notre marché en a besoin. Quant à la Nuit des Publivores, je garde un souvenir jubilatoire des nuits blanches au Grand Rex avec des spectateurs déchaînés.



Le marché publicitaire qui se rattrape au premier semestre.

Sa reprise (+33,3 % des recettes nettes des médias) est impressionnante. Mais il s’agit d’un rattrapage sur 2020, annus horribilis pour le secteur. Les dernières prévisions pour 2021 tablent sur l’effacement de plus de la moitié des pertes de 2020. Je reste optimiste sur la reprise, en faisant cinq observations. Un, ces chiffres démontrent encore une fois que la com est l’indicateur avancé de l’activité économique. En 2020, la réaction des annonceurs au début de la crise sanitaire a été disproportionnée ; en 2021, la progression de la pub sera bien supérieure à celle du PIB. Cet effet yoyo est très complexe à gérer pour notre secteur. Deux, digital is king ! La publicité numérique représente plus de la moitié des investissements publicitaires, un montant supérieur aux cinq médias cumulés ! L’essor de l'e-commerce pendant la crise a définitivement achevé le match. Google et Facebook en sont les grands gagnants, rejoints par Amazon, dans le top 10 des annonceurs dans les médias traditionnels. Trois, le secteur de la distribution, le moins affecté par la crise, creuse l’écart et confirme sa première place. Quatre, le cinéma est moribond (-84% au 1er semestre 2021 après -94 % en 2020). Il est urgent d’agir pour sauver son économie. Cinq, les 10 % d’annonceurs qui ont arrêté d’investir en 2020 reviendront-ils ? 



Vivendi qui annonce un projet d'OPA sur Lagardère.

On pourrait écrire un super scénario de série sur la chute de la maison Lagardère depuis l’empire Matra-Hachette jusqu’à aujourd’hui, pimenté de psychanalyse sur le rapport père-fils. Arnaud Lagardère a réussi à se mettre tous ses actionnaires à dos, tous prêts à se vendre à Vivendi. Avec cette OPA Bolloré devient, quelques semaines après le rachat de Prisma, l’homme le plus puissant en médias et édition de France. Donc, de facto, l’homme le plus influent. Loin devant ses pairs des grandes fortunes (Pinault, Arnault, Drahi, Dassault, Bouygues et Niel). Reste la loi anti-concentration. Dans une France qui sociologiquement se droitise, Bolloré a sûrement repéré une opportunité business avec une ligne éditoriale hybride, mélange de libéralisme, ultra-conservatisme et populisme. C’est attristant d’en constater les conséquences : Zemmour, Praud ou Hanouna, par leurs déclarations provocantes, dictent le rythme et le fond de l’actualité quotidienne des médias en France.

 

Instagram qui reconnaît empirer le rapport des ados à leur corps.

D’un ado sur trois, selon une note interne. C’est une dérive logique dans ce monde d’apparences, de filtres, d’embellissements, de standards de beauté truquée. Le phénomène de comparaison de ces ados en construction avec des influenceurs est un accélérateur de mal-être et peut aller jusqu’à la folie des Insta Dysmorphia (ces jeunes filles qui se font opérer pour ressembler à leur filtre). Heureusement, les instagrammeuses anti-stéréotypes, #Filterdrop, la tendance body positive, l’humour des réseaux comme TikTok ou Snapchat combattent cette dérive. Agissons pour que Facebook abandonne son projet d’un Instagram spécial pour les moins de 13 ans.

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